L’Afrique toute entière a vu sa dette multipliée par cinq au cours des vingt dernières années, soit 700 milliards de dollars et les prêteurs chinois représentent 12% de ce total, selon Chatham House, le London Policy Institute.
Les États-Unis et d’autres pays occidentaux, ont fait pression sur la Chine pour lui demander de jouer le jeu de la restructuration de dettes, c’est-à-dire d’accepter de perdre de l’argent. Mais depuis deux ans, Pékin bloque le système en exigeant que les institutions financières multilatérales (Banque mondiale, FMI) soient intégrées dans les négociations sur la restructuration de la dette.
Cette demande a été rejetée par les autres pays créanciers dans la mesure ou elle bouleverse une règle vieille de plusieurs décennies : les institutions multilatérales sont exemptées de participation aux processus d’allègement de la dette, en raison de leur statut de bailleurs de fonds de dernier recours et des taux d’intérêt très bas qu’elles pratiquent.
Sauf changement d’attitude de Pékin, des millions de personnes qui résident dans des pays vulnérables quitteront la pauvreté pour plonger dans l’extrême pauvreté. Concernant la Zambie, le Sri Lanka et le Ghana, des cotes mal taillées ont été trouvées qui ne permettent pas à ces pays de souffler.
La Zambie a fait défaut en 2020 et tente de restructurer une dette de 8,4 milliards de dollars dont 6 milliards de dollars dus aux prêteurs chinois. La dette totale de la Zambie approche les 20 milliards de dollars. Faute d’accord de restructuration, la Zambie devient un paria sur les marchés financiers internationaux.
Idem pour le Ghana qui a besoin d’un prêt de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international, mais qui ne peut obtenir cet argent tant que Pékin bloque la restructuration d’une dette de 30 milliards de dollars, dont 2 milliards de dollars dus à la Chine. Le ministre ghanéen des Finances, Ken Ofori-Atta, a affirmé que 33 pays africains payaient en intérêts des sommes supérieures aux budgets santé et éducation de chacun de ces pays.
Un assouplissement de l’attitude chinoise sur le cas du Sri Lanka amène les observateurs à généraliser : la Chine va changer d’attitude. Mais en réalité, nul ne sait le niveau de pertes que la Chine a les moyens ou l’envie d’encaisser.