Comme le titre le journal malien L’informateur, le divorce entre la France et le Mali se fait dans la douleur.
Après que la France ait décidé de couper ses aides publiques au développement, le Premier ministre par intérim, le colonel Maïga, a publié un communiqué aussi peu diplomatique que vindicatif. Reprenant le terme de « junte française », employée par les activistes panafricanistes, les autorités maliennes décident « d’interdire toute activité aux ONG financées par la France », y compris celles opérant dans l’humanitaire.
Les ONG françaises exclues du Mali
Bamako accuse une nouvelle fois Paris de « soutien actif aux groupes terroristes » et dénonce les « motifs fallacieux de la coopération Mali/Russie » évoqués par la France. Dans la foulée, le Quai d’Orsay a « regretté » la décision des autorités maliennes d’interdire les ONG qu’elle finance et ajouté que cette « décision intervient malheureusement au détriment de la population malienne », comme si celle de fermer le robinet des aides publiques au développement n’avait aucun impact sur les populations !
Tout se passe comme si chacune des parties avait relégué aux oubliettes la diplomatie et la sagesse au préjudice des plus démunis. « On se croirait dans une cour d’école maternelle » chuchote un diplomate européen en poste en Afrique de l’Ouest.
« Un impact sur le terrain »
Au même moment, à Accra, le président Nana Akufo Ado, qui recevait ses homologues de la sous-région et des ministres européens mettait en garde contre une détérioration de la situation dans le Sahel : « L’aggravation de la situation menace d’engloutir toute la région de l’Afrique de l’Ouest » a-t-il déclaré. Et Charles Michel de lancer cette phrase quelque peu surréaliste : « Nous devons tous identifier la meilleure façon d’avoir un impact sur le terrain ». Or, faut-il répéter au président du Conseil européen que la meilleure façon d’avoir un impact n’est plus à identifier, elle est connue depuis des années : la misère et l’absence de l’Etat sont les premiers recruteurs de djihadistes et les premiers vecteurs de l’aggravation sécuritaire.
Il semble qu’en plus de la diplomatie et de la sagesse, la raison ait aussi déserté…