Le conseiller du président français Emmanuel Macron pour les affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Patrick Durel, s’est rendu en Libye pour préparer la conférence qui soit se tenir les 10 et 11 novembre à Paris sur la tenue possible d’élections dans ce pays le 24 décembre. Un pari qui doit plus à l’engagement de la diplomatie américaine. qu’aux bons offices de la France
Il faudra toute l’expertise du conseiller Maghreb del’Élysée, Patrick Durel, qui n’en manque pas, pour convaincre ses interlocuteurs que la la France compte encore dans l’imbroglio libyen. L’entêtement du Président français à revenir dans le jeu libyen est en tout cas remarquable. Au printemps 2018, une conférence s’était en effet tenue à Paris pour préparer des élections qui devaient se tenir, d’après la diplomatie française, avant la fin de cette année là. La tentative d’imposer des élections à marche forcée échoua lamentablement.
C’était l’époque où Jen Yves Le Drian, ministre français des Affaires Etrangères, appuyait de tout son poids le maréchal Haftar qui tentait de mettre la Libye en coupe réglée. Souhaitons à l’émissaire français en Libye, Patrick Durel, plus de succès cette fois ci. Mauvais signal, le Parlement de Toubrouk qui est sous la coupe du maréchal Haftar a voté en faveur du report des élections législatives. Reste possiblement une Présidentielle, à l’arrachée !
Il reste que les affrontements inter libyens se sont apaisé en partie, du moins sous leur forme la plus violente. On doit cette réelle accalmie aux accords passés par la Turquie d’Erdogan et la Russie de Poutine, ces puissances concurrentes qui ont imposé leur commune tutelle pour écarter les occidentaux du dossier libyen. Ce qui explique, entre autres, l’effacement des Français qui ont tenté de revenir dans le dossier libyen grâce à un axe diplomatique Paris-Alger que la France de Macron et de Le Drian a tenté de créer, mais là enore sans succès
America is back !
Le fait le lus marquant de es derniers mois est le grand retour des Etats-Unis en Libye et leur engagement en faveur d’élections en décembre prochain. Après l’attaque du consulat américain de Benghazi en 2012 qui a 12 morts dont l’ambassadeur américain, Barack Obama avait pris ses distances avec le conflit libyen. Donald Trump s’y ait, lui, peu intéressé, laissant même vacant le poste d’envoyé spécial des Etats-Unis pendant la majeure partie de son mandat.
Il en va tout autrement de l’administration Biden. En témoigne un projet de loi voté par la Chambre des représentants fin septembre et qui doit encore être adopté par le Sénat puis signé par le Président Biden.
Sur le terrain, les Américains n’ont toutefois pas attendu que le « Libya Stabilisation Act » – c’est son nom – parvienne au bout de son chemin législatif. Dès le 28 septembre dernier, le commandant en chef de l’US Africa Command (AFRICOM), le général Stephen Townsend, ainsi que l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye, Richard Norland, ont rencontré le Premier ministre par intérim et ministre de la Défense libyen, Abdel Hamid Dbeibah, le chef du Conseil présidentiel, Mohamed Al-Menfi, et le chef d’état-major libyen, le général Mohammed Haddad.
Les envoyés américains se sont également réunis pour la première fois avec le Comité militaire mixte 5+5 qui réunit à parité égale des membres du gouvernement légitime et des membres de l’Armée nationale libyenne du maréchal Haftar.
Objectif de tous ces pourparlers : préparer les prochaines élections présidentielle et législatives. En l’état actuel du calendrier électoral, la présidentielle devrait se tenir le 24 décembre prochain et les législatives un mois plus tard.
Sanctions américaines
En l’état, le contenu du « Libya stabilization Act » est limpide : il prévoit des sanctions américaines contre toute entité (individus, organisations…) de toute nationalité impliqués dans des actes de violence en Libye. Sont en particulier visés les individus étrangers qui soutiennent ou participent à des opérations militaires en Libye, entravent les efforts de stabilisation, violent les droits de l’homme, pillent des biens de l’Etat ou des ressources naturelles et commettent des crimes de guerre.
Vaste programme dans une Libye fragmentée et paupérisée, mais qui reste apparemment rétive à toute influence étrangère.
L’espoir d’élections en Libye en décembre se perd dans les sables