Le Congo Brazzaville transforme l’essai de la diplomatie verte

Alors que la plupart des pays africains sont montrés du doigt pour leurs atteintes à l’environnement, le Congo Brazzaville est parvenu à développer une diplomatie verte sous l’impulsion d’un président Denis Sassou Nguesso qui reste d’une vitalité exceptionnelle.

Mariama OWONA (correspondance Brazzaville)

 

L’année 2024 fut celle de la jeunesse au Congo Brazzaville, mais elle marque la reconnaissance grandissante à l’international du patron du pays, Denis Sassou Nguesso, malgré ses 80 ans et sa longévité au pouvoir. Le Président congolais parvient à faire figure de référence à l’international sur des sujets habituellement réservés aux chefs d’état occidentaux comme la diplomatie verte.

L’écologie, les progrès de la gouvernance, et la realpolitik à l’oeuvre sont en train de faire du Congo Brazzaville un pays attractif pour les investisseurs qui cherchent des pays stables et à fort potentiel.

La diplomatie verte, pilier du progrès 

La protection du bassin du fleuve Congo et l’identité nationale et culturelle du pays font partie des axes majeurs de la politique du Congo depuis toujours. Le pays est aujourd’hui un des principaux moteurs de la coopération internationale visant à préserver les principaux « poumons » de la planète. En octobre 2023, la COP27  a été l’occasion du développement de l’initiative des trois bassins en organisant le deuxième sommet regroupant les pays liés aux trois bassins fluviaux principaux (Amazonie, Congo et Bornéo/Mékong), dont le rôle est essentiel dans la limitation du réchauffement climatique.

Depuis, les initiatives à l’international se multiplient, avec notamment l’accueil cet été de la première Conférence Internationale sur l’afforestation et le reboisement (Ciar1). Dans les prochains mois, la Commission Climat du Bassin du Congo (CCBC), qui regroupera 17 pays liés par la volonté de transformer économiquement la région poumon de l’Afrique, s’installera à Libreville. 

Un nouveau modèle de développement 

Fort de ces succès, le pays prend le risque d’initiatives diplomatiques complexes, par exemple sur la résolution du conflit lybien. Loin des grandes déclarations et des calendriers non tenus en faveur d’élections libres dans ce pays déchiré par la guerre depuis la chute de Kadhafi, le Congo Brazzaville a proposé de poser les bases d’une réconciliation nationale indispensable à la stabilisation du pays. L’Etat congolais joue également un rôle essentiel de modération dans le cadre du conflit entre Kigali et la RDC, posant les bases de négociations délicates.

le président Sassou co-préside avec Xi Jinping le Focac

Au-delà de ces sujets difficiles, l’état congolais réussit dans un monde de plus en plus divisé à créer un équilibre à première vue difficile à maintenir dans son jeu diplomatique, pour se placer au cœur du paysage international et étaler une stabilité amenée à faire du pays un des meilleurs choix pour les investisseurs internationaux. Relations stables avec l’Ouest, excellent contact avec Poutine encore tout récemment « visité », relations fortes avec les pays d’Asie centrale, mais aussi avec la Chine, l’état congolais est partout.

Cette semaine, le président Sassou co-préside avec Xi Jinping la 9ème édition du Forum sur le Coopération Sino-Africaine (Focac), qui se tient à Pékin du 3 au 9 septembre. Denis Sassou Nguesso passe aussi cette semaine par Astana où se tient le forum « Energy Week Central Asia and Caspian », ne perdant pas de vue les enjeux du développement énergétique – qui représentent un véritable challenge pour son pays.

Les progrès de la gouvernance

La longévité du président congolais à la tête de l’Etat est soit un problème soit un atout dans le cadre du développement du pays, mais fort de son expérience de près de 40 ans, le pouvoir en place est bien décidé à montrer d’ici à l’élection présidentielle de 2026 les points positifs de cette stabilité, et les progrès récemment accomplis.

Dans un pays où 50% de la population a moins de 20 ans, l’accès à l’éducation et à l’électricité sont les principaux sujets sur la table, et dans les deux cas c’est le manque d’infrastructures modernes qui empêche de répondre aux nouveaux besoins créés par cette démographie galopante. DSN et ses proches, notamment les femmes qui l’entourent comme Arlette Soudan-Nonault ou Françoise Joly, s’appuient sur leurs succès diplomatiques et environnementaux pour faire bénéficier la jeunesse du pays de financements internationaux de long terme et créer le cadre propice à un développement économique ordonné vers une prospérité aujourd’hui loin d’être acquise pour les quelques 3 millions de jeunes de moins de 20 ans du pays.

Le satisfecit du FMI

Ces progrès de gouvernance sont confirmés par le dernier partenariat avec le F.M.I. Après plusieurs tentatives d’accompagnement qui n’avaient pas porté leurs fruits (la dernière datant de 2019), le Congo vient de passer en juillet 2024 avec succès le cap de la 5ème revue du programme. Les experts internationaux notent que pour la première fois de son histoire, le pays devrait aller au bout d’un tel programme sans coup férir. L’entourage direct du président congolais, notamment Françoise Joly, a œuvré sans relâche et obtenu ce résultat afin de créer les conditions d’une meilleure attractivité économique.

Ce signal envoyé par l’institution internationale valide les progrès du pays dans le cadre du système de référence de la « compliance » internationale (et pas seulement intérieure). Gageons que les dirigeants sauront exploiter ce nouvel atout accélérer la croissance économique globale du pays.

Stabilité et autorité 

Montrant qu’elle cherche à insuffler une dynamique de progrès constante à son action et qu’elle ambitionne de gagner l’élection présidentielle de 2026, l’équipe qui gouverne le Congo Brazzaville mobilise ses forces pour transformer ses succès à l’international en investissements concrets. Membre du sud global mais en lien constant avec l’Occident, le Congo a choisi un mode de développement qui lui est propre et qui porte ses fruits.