L’Afrique inégale dans le classement 2018 de la liberté de presse

Le classement mondial 2018 de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans Frontières révèle que le Ghana (23e position), la Namibie, l’Afrique du Sud ou le Cap Vert (29e) se placent en haut du tableau et sont mieux classés que la France (33e). 

«La libération de la haine contre les journalistes est l’une des pires menaces pour les démocraties», déclare le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire. La carte du monde dressée par RSF à partir de son classement mondial de la liberté de la presse que vous pouvez consulter grâce au lien ci-dessous s’est encore assombrie: 21 pays sont désormais placés en situation «très grave» comme l’Egypte (161e), ou la Corée du Nord en dernière position.

https://rsf.org/fr/classement

Au niveau du continent africain, le premier pays à apparaître est le Ghana (23e position), suivi de la Namibie (26e), de l’Afrique du Sud (28e) ou du Cap Vert (29e). Quatre pays africains qui sont donc mieux classés que la France (33e).

Dans le bas du classement, si la Corée du Nord occupe la 180e et dernière place, elle est précédée, au niveau africain, par l’Erythrée (179e), le Soudan (174e), Djibouti (173e).

«Les situations restent très contrastées sur le continent, où les journalistes sont encore régulièrement victimes d’intimidations, d’agressions ou d’arrestations», note RSF, comme le démontre l’arrestation/intimidation récente de la journaliste Samira Sabou à Niamey qui couvrait la dernière manifestation contre la loi des finances.

RSF ajoute que «mener des enquêtes est une activité particulièrement risquée pour les journalistes du continent africain».

RSF fait part de exemples: au Togo (86e), la correspondante d’une chaîne de télévision internationale s’est vu retirer son accréditation à la suite de ses reportages sur les rassemblements de l’opposition. En Guinée (104e), les propos du chef de l’Etat, qui a directement menacé de fermeture les médias susceptibles de donner la parole à un leader syndical, ont contribué à créer un climat d’hostilité à l’égard de la presse. Des radios ont été suspendues et des journalistes ont parfois été pris à partie par des manifestants. Les menaces et les agressions subies en marge de la contestation au Tchad (123e) ont conduit les journalistes à organiser une « journée sans presse » en février dernier.» Quant au Niger (63e) l’emprisonnement récent de divers manifestants et étudiants réclamant davantage de démocratie devrait faire fortement reculer le pays dans le classement de l’an prochain

Parmi les grands pays du continent africain, l’Egypte est à la 161e place et qualifiée par RSF d’«une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes». L’ONG estime que «sept ans après la Révolution du 25 janvier 2011, la situation de la liberté de l’information est extrêmement préoccupante. Certains journalistes passent des années en détention provisoire sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux ou sans jamais être jugés, d’autres sont condamnés à de lourdes peines de prison allant jusqu’à la perpétuité dans des procès iniques.»

Au niveau du Maghreb, le classement est relativement sévère. La Tunisie se classe 97e et RSF note que «la transition démocratique toujours en cours ne garantit pas encore une pleine liberté de l’information».

Au Maroc (135e), «l’année 2017 a été marquée par de fortes pressions judiciaires sur les journalistes», affirme RSF, et en Algérie (136e) «depuis les dernières élections présidentielles, la liberté de l’information demeure fortement menacée».

 

RSF, la liberté de la presse en berne en Mauritanie