La Tunisie, un théâtre privilégie du conflit Emirats Arabes Unis/Qatar

L’Union des Oulémas musulmans, explique le journaliste Maher Hajbi sur le site Maghreb Intelligence, fait l’objet d’une guerre ente le mouvement islamiste Ennahdha de Ghannouchi, soutenu par le Qatar, et le Parti destourien libre d’Abir Moussi, dont les liens avec les monarchies pétrolières séoudienne et émiratie sont connus.

Accusations de terrorisme, menaces de suspension des activités et bureaux envahis… la section locale de l’Union Internationale des Oulemas Musulmans (UIOM) est plus que jamais contestée par les amis d’Abir Moussi, cette figure de l’ancien régime de Ben Ali qui est parvenue à se forger une véritable popularité en attaquant les islamistes au karcher. La présidente du Parti Destourien Libre (PDL) ne jure que par la dissolution de l’UION dont la proximité avec les Frères musulmans est avérée. Lesquels Frères Musulmans seraient, à entendre Abir Moussi, une organisation terroriste,

Ces dernières semaines, l’UIOM a accusé la France en raison des attaques racistes perpétrées contre les musulmans en Europe.Sur son site internet personnel, le président de l’UIOM, Ahmed Raïssouni, a publié un article portant le titre « La France, le plus grand ennemi de l’Islam ».Selon Raïssouni, la totalité des harcèlements racistes, politiques, légaux et sociaux contre les musulmans en Europe, a été « inventée » et « testée » avant tout par la France, pour « être exportée » par la suite vers les autres pays européens.

Au delà de l’Union des Oulemas, la guerre en Tunisie entre Abir Moussi et le parti islamiste Ennahdha de Rached Ghannouchi devient centrale sur la scène politique tunisienne, chaque camp parrainé par de puissants partenaires financiers du Golfe

Un bras de fer entre Doha et Abou Dhabi

Derrière cette fronde se cache un ultime bras de fer entre le Qatar et les Émirats Arabes Unis, qui multiplient les hostilités contre la présence régionale de la Confrérie. Si Ennahdha affiche, sans détour, ses liens avec Doha et les Frères musulmans, Abir Moussi, qui clame haut et fort sa haine des islamistes, cache son jeu et ses liens avec Abu Dhabi.

Visage de l’anti-islamisme tunisien, la présidente du PDL accuse la section de l’Union des Oulémas musulmans de l’embrigadement des jeunes et leur dogmatisation. En effet, Abir Moussi compte réussir là où Nidaa Tounes, le mouvement créé par l’ancien président aujourd’hui décédé, Beji Caïd Essebsi, avait échoué : capitaliser sur le rejet des islamistes et en finir avec les “khwanjiyas”, conformément à la volonté des émiratis, plus remontés que jamais depuis que président Saïed s’est rendu au Qatar.

La question islamiste au coeur

Abir Moussi est partie en croisade contre “les forces du mal” que représenteraient le mouvement Ennahdha, don tle smilitants étaient emprisonnés et torturés en masse quand le président Ben Ali exerçait un pouvoir sans partage.

Le parti d’obédience islamique, dont le chef, Rached Ghannouchi préside le parlement tunisien, s’oppose à ce que les Frères musulmans soient classés comme une organisation terroriste et se dit solidaire avec l’Union des Oulémas musulmans. Cependant, la crise interne au sein du parti et l’échec de l’alliance tentée avec des mouvements laïques comme Qalb Tounes et Al Karama ont affaibli Ennahdha.

La guerre entre Abu Dhabi et Doha est relancée dans une démocratie tunisienne naissante qui voit beaucoup de mauvaises fées entourer son fragile berceau. La saga Moussi contre Ghannouchi pourrait, pour le pire, structurer l’espace politique tunisien alors qu’une crise économique sans précédent menace la stabilité du pays.