La prudence et la tiédeur des réactions chinoises après les sanglantes attaques des combattants du Hamas contre Israël et la contre offensive aérienne impitoyable déclenchée par l’Etat hébreu sur Gaza viennent peut-être de démontrer les limites de la stratégie chinoise au Moyen-Orient – et de l’ambition diplomatique pékinoise d’y élargir son influence.
Les platitudes des déclarations convenues du ministère chinois des affaires étrangères (« nous appelons les parties en présence à la retenue et de mettre fin aux hostilités », « la Chine est attristée par la mort de victimes civiles »), illustrent en effet la difficulté des hiérarques pékinois à s’impliquer plus fermement – et plus efficacement- dans une région où la Chine envisage de se positionner comme nouvelle « puissance de référence » face au grand rival américain.
Pour Pékin, l’équation est certes complexe : la République populaire est historiquement l’alliée des Palestiniens, elle ne veut pas s’aliéner les pays arabo-musulmans. (Ella a prudemment qualifié les agresseurs du Hamas de « combattants », évitant soigneusement le terme de « terroristes »).
Deux fers au feu
Parallèlement, la Chine, qui a toujours deux fers au feu, est en train d’approfondir sa relation diplomatico-économique avec Israël, stratégie consistant notamment à investir dans les secteurs de la technologie de pointe et des infrastructures – et qui vient notamment de se concrétiser par la construction d’un nouveau port à Haïfa par une compagnie chinoise.
En mars dernier, un succès diplomatique significatif avait donné des ailes à la diplomatie chinoise : Pékin s’était enorgueilli d’avoir joué les intermédiaires entre l’Arabie Saoudite et l’Iran et d’être parvenu, lors d’un sommet à Pékin, de convaincre les deux rivaux d’enterrer la hache de guerre.
Sur cette lancée, la Chine a ensuite exprimé de semblables ambitions à propos de la question israélo-palestinienne : recevant en juin dans la capitale chinoise le chef de l’Autorité palestiniene Mahmoud Abbas, le président Xi Jinping a promis à ce dernier de mettre à contribution la « sagesse » et la « force » de la Chine au profit d’un réglement du conflit entre Palestiniens et Israéliens.
Patatras : La cruauté de l’attaque du Hamas et l’extrême violence de la réponse israélienne, sont sans doute venues mettre fin, pour le moment, aux ambitions diplomatiques chinoises…
« La Chine n’a pas vraiment l’expérience de la région ni l’expertise pour être capable de provoquer des avancées significatives », estime Jonathan Fulton, chercheur basé à Abu Dhabi pour le compte du think tank américain Atlantic council ; « Vous ne verrez jamais dans la région [du Proche-Orient] des gouvernements se dire ‘tiens quelle proposition fait la Chine sur tel ou tel problème?’, la Chine n’est pas encore perçue comme un acteur crédible ».
L’aigre commentaire d’un diplomate de haut rang de l’ambassade d’Israël à Pékin en dit aussi long sur les difficultés chinoises de négocier les méandres d’une stratégie consistant à jouer sur les deux tableaux : » Quand les gens sont assassinés et massacrés dans les rues, ce n’est pas le moment d’appeler à la ‘solution des deux Etats« , a aigrement réagi le conseiller d’ambassade Yuval Waks, cité par l’Agence Reuters. Déclaration faite en référence à ce qu’un porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères chinois venait de déclarer un peu plus tôt, soulignant que Pékin considérait que seule la coexistence entre deux Etats, palestiniens et israéliens, perspective désormais perçue comme une aimable illusion, permettrait d’éviter de pareils conflits.
Pour Israël, une telle déclaration ne tombait pas à pic, même si elle est, en tant que principe, parfaitement exacte : mais le moins que l’on puisse dire c’est que, pour l’État hébreu, l’heure n’est plus à la négociation…
Ainsi, dans ce nouveau brouillard de guerre, la Chine semble être un peu perdue. Et Pékin, dont l’hubris est désormais largement affirmé à l’international, semble pour l’instant avoir démontré que ses ambitions ne sont pas à la mesure de sa capacité à jouer les intermédiaires de poids au Moyen-Orient.
D’autant que les critiques de la République populaire verront comme un « deux poids de mesure » la façon dont Pékin ne condamne pas explicitement le Hamas et la « tolérance zéro » dont elle fait preuve à l’égard des mouvements nationalistes de la minorité ouïghoure musulmane dans sa province occidentale du Xinjiang – Région où la Chine a mené ces dernières années une campagne de répression sans merci.
Je ne suis pas étonné de votre analyse sur la Chine en lien avec les événements au Moyen-Orient, (qui en passant je dois dire que c’est une bonne analyse), car j’avais déjà fait une analyse allant dans ce sens dans l’article sur “l’Iran seul bénéficiaire de la guerre entre le Hamas et Israël. Je disais dans cette analyse en parlant du nouveau conflit inter islamique “Iran VS Arabie Saoudite” que Madame Bright parlait, c’est que: finalement avec cette guerre à distance saoudienne iranienne, le rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran, encensé ici et là n’a été qu’un fiasco ou une leurre, et sur ce la Chine est mise en échec, rires, puisque c’était elle qui avait joué la médiation et dont on disait qu’elle était devenue la nouvelle médiatrice au Moyen-Orient, en éclipsant les USA. Comme quoi les affaires au Moyen-Orient sont complexes à résoudre, entremêlées entre ethnies, religions, fanatisme religieux, et intérêts militaires et économiques.
Et la Chine qui est loin géographiquement et culturellement ne peut pas résoudre en un tour de magie ces équations vieilles de longues décennies, et ne peut les comprendre non plus.
Le culturel (ethnies et religion) occupent une place de choix dans des rapports entre des pays ennemis dans cette partie du monde, pour les unir facilement comme le voulait faire la Chine en organisant cette “réconciliation” iranienne saoudienne. Du coup en parlant de ce poids du culturel dans des conflits au Moyen-Orient, du conflit iranien saoudien et de cette “réconciliation iranienne saoudienne” que la Chine a prétendue sceller et a présentée, ça allait étrange et même une prouesse pour la Chine, rires, que ces deux ennemis jurés (Arabie saoudite et Iran) de longue date, puissent se réconcilier facilement comme ça, là où américains, européens et même russes qui connaissent mieux ces régions que la Chine, ont échoué.
Conclusion: La Chine malgré sa puissance économique et son envie de peser de plus en plus à l’international (comme vous l’avez aussi souligné dans cet article), ne peut pas prétendre résoudre des conflits dans une région poudrière comme le Moyen-Orient où les conflits sont devenus presque le quotidien entre pays, surtout des conflits entre des ennemis jurés. Grossomodo la diplomatie chinoise n’est pas encore outillée pour résoudre des conflits mondiaux, comme l’a dit également ce M. Jonathan Fulton cité dans l’article. Les chinois sont encore des “nains diplomatiques” se contentant des relations bilatérales, et des communiqués de principes (comme vous l’avez aussi souligné dans cet article), ou des vétos à l’ONU quand il s’agit des situations politiques mondiales.
Sur le fait que la Chine appelle le Hamas comme “combattants”, c’est cohérent, ce n’est pas un cafouillage de circonstances pour aménager le Hamas, car la Chine, la Russie, l’Iran naturellement (vues ses relations avec le Hamas comme on le sait), le Brésil, la Turquie, l’océanie, une grande partie de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine ne considèrent pas le Hamas comme terroriste.
Seule une partie de l’Union européenne, les USA, le Japon considèrent le Hamas comme terroristes, comme vous l’avez souligné M. Beau en parlant d’une grande partie de l’occident qui considère le Hamas comme terroriste, dans l’article parlant du “Hamas à la portée des ignorants”.
Et je dis seule une partie de l’Union européenne qui considère le Hamas comme terroriste, car la Norvège (en tant que médiatrice du conflit israélo palestinien), le Danemark, et la Suède font bande à part.
Quant aux deux poids, deux mesures que les critiques de pekin peuvent dénoncer du fait que la Chine aménage le Hamas et fouette les Ouïgours (même si je reconnais que le terme « fouette » semble parfois dur et drôle en même temps sur ce sujet), à mon avis c’est une question d’intégrité territoriale de la Chine, dès lors que le Hamas ne soutient pas les ouïgours et même dans l’ensemble, les pays arabes semblent silencieux sur les ouïgours (comme je l’avais dénoncé ici dans ce magazine dans un article concernant ces événements du Hamas, sur le manque sincère du soutien à la Palestine par le monde arabe, d’où la Palestine souffre, car il est anormal qu’autour d’Israël, c’est un océan des pays arabes et Israël s’affirme en grignotant tout le temps et ce depuis presque 74 ans, à tel point que le Territoire palestinien est presque devenu inexistant), la Chine aménagera toujours le Hamas qui n’est pas un danger pour elle car elle soutient pas les musulmans ouïgours et, elle (Chine) continuera à fouetter les ouïgours pour son intégrité territoriale qu’elle veut maintenir de force car cette intégrité territoriale est menacée et finira par céder un jour, c’est une cocotte minute prête à exploser tôt ou tard, j’en parle dans mon article anthropologique et historique qui est une analyse prospective sur la Chine, que le commun des mortels appellera « prémonitoire », rires, voici le lien de cet article pour les intéressés:
https://www.academia.edu/105741345/Quand_la_Chine_éclatera_ (en français)
https://www.academia.edu/105741408/When_China_will_break_out_ (In English)
Apparemment même les 75 ans d’occupation des territoires Palestiniens n’ont pas permis à l’état hébreu de trouver l’heure de négociation.