Pour notre chroniqueur Londo Jocksy Louemba, le président gabonais Ali Bongo ne tient au pouvoir que par la force de son appareil sécuritaire.
Il est clair que le Gabon est désormais un pays extrêmement militarisé. En 2017, le pays possédait une armée de 21849 hommes pour une population d’1,7 millions d’habitants, soit un militaire pour 72 gabonais! Les militaires sont trois fois plus nombreux queles personnels de santé. On compte 12301 agents de santé publique, soit un pour 142 Gabonais.
Dès la mort d’Omar Bongo en 2009, l’armée assure à Ali Bongo son soutient total. Tant et si bien qu’il décide unilatéralement de fermer les frontières lors d’une allocution télévisée sur la première chaîne. Poussé à la démission en Août 2009, Ali Bongo reste le véritable patron de l’armée qui régulièrement prend des ordres chez lui via des officiers supérieurs. A la proclamation des résultats officiels qui le donnent vainqueur, l’armée réprime sans ménagement à Libreville et à Port Gentil et le soir même alors qu’il n’est pas encore entré en fonction, il se rend au palais présidentiel où il remercie les militaires pour leur soutien tout en leur intimant l’ordre de mater sans ménagement ceux qui contestent son pouvoir. A Port Gentil où la contestation est forte, l’armée tue méthodiquement et organise même des « vols de la morts » en jetant dans l’océan atlantique les corps lestées de leurs victimes.
Ali Bongo, chef suprême des armées, n’a pas fait de l’armée gabonaise une armée opérationnelle bien au contraire ! La qualité de vie du soldat gabonais est toujours aussi médiocre. Ali Bongo pourtant qui aime se déguiser en « général d’armée » avec un bâton de commandement ne dédaigne pas de se montrer proche de ses hommes au point de danser avec eux.
Lors de l’élection présidentielle d’ Août 2016, les militaires se rendent en treillis dans des camions de l’armée aux meetings d’Ali Bongo, elle colle les affiches du candidat Ali Bongo et le moment venu elle massacre allègrement les partisans de Jean Ping à son quartier général, selon certains témoins en présence d’Ali Bongo lui-même. Comme en 2009, mais avec plus de précision et de méthode, l’armée (épaulée par la police) organise des « caravanes de la mort » en tuant sans ménagement et en organisant des disparitions forcées.