S’il ne fait guère de doutes qu’Ali Bongo sera réélu Président du Gabon le 27 août prochain après des élections fraudées, le régime a néanmoins décidé de ne pas prendre de risques. En témoigne la vague d’arrestations en cours chez les leaders de la société civile et dans les partis politiques d’opposition qui, tous militent activement pour une alternance démocratique. « Au total, ce sont près de trente personnes qui ont été arrêtées arbitrairement ces derniers jours» dénonce Marc Ona, président de l’Ong Brainforest.
Dernière arrestation en date, celle de Firmin Ollo, le coordinateur du mouvement des jeunes du parti de l’Union Nationale, le 21 juillet. Elle succède à l’arrestation, deux jours plus tôt, d’un autre membre de cette coordination, Fortuné Edou Essono. Maltraité en prison, ce dernier a écopé de 18 jours d’interruption de travail.
Mais le coup le plus anti-démocratique du régime d’Ali Bongo reste la rafle opérée le 9 juillet dernier à Libreville lors d’un meeting de la confédération syndicale Dynamique Unitaire qui regroupe neuf organisations. Vingt-six personnes ont été arrêtées et parmi elles figurent le président du syndicat national des enseignants et chercheurs, celui des travailleurs du secteur social ainsi que celui des personnels de l’Agriculture. Autant de beau monde qui, le 13 juillet a été condamnée à 10 jours de prison pour troubles à l’ordre public et incitation à la violence. Le jour de leur condamnation, leurs soutiens venus en nombre au tribunal ont même été dispersés à coups de bombes lacrymogènes !
Une société civile sous les barreaux
Pour l’organisation syndicale Dynamique Unitaire, cette intervention policière, comme les condamnations des militants, relèvent autant de l’intimidation que du bâillonnement de l’opposition. Dans un communiqué, la confédération syndicale rappelle que les arrestations ont eu lieu avant même le début de la manifestation d’une part, et, d’autre part, que les manifestants se trouvaient à ce moment précis dans une propriété privée en train d’accueillir les manifestants…« On a su qu’initialement Ali Bongo devait tenir un meeting au Jardin Botanique et qu’à la dernière minute, il a été décidé qu’il aurait lieu à proximité du lieu de rassemblement de la société civile » explique Marc Ona. L’occasion était sans doute trop belle pour le régime : faire d’une pierre deux coups en tenant meeting et en faisant taire des protestataires.
Au final, la seule question qui vaille dans cette élection sans surprise est de savoir s’il restera des leaders de la société civile en liberté au moment du sacre d’Ali Bongo.