Les oligarques algériens (6), ces « quadras » qui ne doutent de rien

En dépit de la crise financière qui frappe de plein fouet le pays, une nouvelle génération d’hommes d’affaires s’impose. Des « quadras » décomplexés! 

Les oligarques qui grâce à leur proximité avec le pouvoir algérien se sont considérablement enrichis ont fait école. Une génération plus jeune a commencé à émerger, qui ne fait pas mystère de ses ambitions. Il faudra compter avec ces quadragénaires décomplexés qui n’ont pas eu pour s’imposer à se soumettre aux oukases du DRS (services algériens), qui a longtemps organisé une économie rentière et corrompue.Ces nouveaux venus se vivent d’abord comme des entrepreneurs.

A l’ombre du FCE 

Parmi les hommes d’affaires les plus prometteurs, on trouve Hakim Soufi, le jeune PDG de la compagnie d’assurances privée Macir Vie.  Fils d’un richissime homme d’affaires, le jeune Soufi a réussi à s’imposer tout seul dans le secteur de l’assurance, en tenant la dragée haute aux concurrents français Axa Assurances et Amana, la filiale Algérienne de la MACIF. Avec son dynamisme et son lobbying efficace auprès de plusieurs décideurs algériens,  Hakim Soufi hisse sa compagnie au plus haut niveau. Le patron de Macir Vie a su également comment devenir l’un des jeunes acteurs les plus influents au sein du FCE d’Ali Haddad, le puissant patronat algérien qui regroupe pas moins de deux mille entrepreneurs à travers toute l’Algérie.

C’est au sein même de ce FCE d’Ali Haddad que nous retrouvons un autre jeune milliardaire algérien qui fait beaucoup parler de lui en ce moment. Il s’agit de Mohamed Metidji, patron du groupe familial Metidji . A la tête de plusieurs entreprises qui produisent actuellement en moyenne plus de 500 tonnes par jour de semoule et de farine et génère un chiffre d’affaires de plus de 70 millions d’euros, ce jeune patron a fait du groupe familial qu’il avait reçu en héritage l’un des fleurons de l’industrie agro-alimentaire en Algérie. Une véritable success story qui pousse aujourd’hui le groupe Metidji à partir  la conquête du marché africain.

Sami Agli est l’autre jeune milliardaire algérien qui fera couler beaucoup d’encre dans les années. L’homme a d’ores et déjà été propulsé sur les devants de la scène médiatique lorsqu’il a été sélectionné en 2016 parmi les 100 jeunes leaders africains dans le classement établi par l’institut Choiseul 100.

Comme ses compères Soufi et Metidji, Sami Agli a dépoussiéré un groupe familial en le modernisant pour faire de lui l’un des leaders dans le secteur de l’immobilier et l’agroalimentaire notamment dans le conditionnement de la datte et son exportation ainsi que la transformation des céréales.

Dans la cour des grands

Abdelmalek Sahraoui, le patron de Petroser, la marque algérienne de station-services qui tente de se frayer un chemin dans l’ombre de la Sonatrach, est lui aussi l’un des futurs poids lourds de l’oligarchie algérienne. L’homme est très discret, mais ô combien stratège. Son amitié avec Daho Ould Kablia, l’ex-ministre de l’Intérieur et l’un des anciens leaders du MALG, l’ancêtre du DRS algérien, lui permettra d’ouvrir plusieurs portes dans le monde des affaires. Il construit rapidement un petit royaume où il amassera une véritable fortune grâce à la distribution des produits pétroliers. Aujoud’hui, il fructifie ses affaires dans l’agriculture et se place sur l’échiquier politique en devenant sous la bannière du FLN. Abdelmalek Sahraoui agrandit de jour en jour son pouvoir d’influence.

Aux côtés de ces jeunes milliardaires, nous retrouvons enfin le vieux loup Brahim Hasnaoui  qui a bâti une fortune colossale grâce à son groupe Hasnaoui BTPH. Il fait une entrée fracassante dans la cour des grands oligarques algériens avec le projet de la cité Ryad, une véritable ville dans la ville, qu’il construit dans l’est d’Oran. Discret, mais très actif dans les coulisses politiques à l’ouest du pays, il va réussir à doter son groupe d’un chiffre d’affaires évalué à… 200 millions d’euros.  BTP, exploitation des carrières, Hasnaoui s’agrandit sans cesse et prépare sa succession.

Sans faire la une des médias comme les stars de l’oligarchie algérienne, les Haddad, Rebrab et consorts, ceux là construisent collectivement une force qui comptera dans l’Algérie de l’après Bouteflika.

Dans le septième et dernier volet de notre enquête sur les oligarques algériens, nous nous pencherons sur l’optimisation fiscale: « Du bled au paradis ». Avec un article sur la famille Benhamadi saisie par le vent du grand large