Cisjordanie, de l’opération policière au raid militaire

L’armée mène ,le 3 juillet,une opération antiterroriste de grande envergure à Jénine. Ce raid massif est la conséquence de l’assassinat de quatre Israéliens en juin dernier. Mais après ?

L’armée israélienne semble avoir renoué avec les opérations militaires d’envergure contre les milices palestiniennes de Cisjordanie. Lundi 3 juillet, une attaque aérienne (avions et drones) a appuyé une attaque terrestre contre la ville de Jenine. Selon le ministère palestinien de la Santé, huit Palestiniens ont été tués et 80 autres blessés à Jenine et dans un camp de réfugiés. Les habitants ont signalé un grand nombre d’arrestations et d’importants dégâts matériels.

L’armée israélienne a déclaré qu’elle menait « un vaste effort de lutte contre le terrorisme » ciblant des hommes armés, un centre de commandement et de contrôle utilisé par les miliciens et des installations de production d’armes et de stockage d’engins explosifs. Divers équipements militaires ont été confisqués, notamment des armes cachées à l’intérieur d’une mosquée.

Jusque-là, les raids israéliens dans les villes palestiniennes, notamment Jenine et Naplouse, étaient monnaie courante, et s’apparentaient plutôt à des opérations policières. Les frappes aériennes et l’utilisation de drones étaient rares. 

Depuis le 3 juillet, l’ampleur des moyens utilisés montre que l’armée en tentant de casser la contestation tend à devenir de plus en plus meurtrier.Les tensions en Cisjordanie ont augmenté. Selon les statistiques publiées par le bureau du Premier ministre israélien, les Israéliens ont été victimes de 5 326 attaques en 2022 ; 31 personnes ont été tuées, 415 personnes ont été blessées : 358 avec des blessures légères, 33 avec des blessures modérées et 24 avec des blessures graves

L’armée israélienne a lancé depuis plusieurs mois l’opération Wave Breaker, principalement contre Jenine et Naplouse, pour démanteler les cellules militantes et déjouer les attaques imminentes.

Deux décennies après que les Israéliens aient pris d’assaut le camp de réfugiés tentaculaire de Jénine avec des chars et des hélicoptères, cette ville a resurgi comme un bastion de l’irrédentisme palestinien.  Depuis le début de 2023, plus de 150 Palestiniens, pour la plupart des militants, ont été tués par les forces israéliennes. 

 

 

« Et après ? 

Qu’il s’agisse de la Cisjordanie et de Gaza, la question qui surgit en Israël, est toujours la meme. « Et après ? ». Toute agression palestinienne donne lieu à une opération d’intimidation en retour, mais aucune « stratégie globale » n’apparait jamais.  Le général Tamir Hayman, directeur général du groupe de réflexion Institute for National Security Studies, estime que l’absence d’analyse générale de la situation « peut vraiment créer un défi sur la scène internationale concernant la légitimité de cette opération. »

Le major Nir Dinar, porte-parole des Forces de défense israéliennes, a déclaré que les premières frappes de drones avaient permis à 1 000 soldats au sol d’entrer à Jénine, une tactique qui, selon lui, n’a pas été utilisée depuis 2006.

« Les troupes resteront là jusqu’à ce que ces objectifs soient atteints », a-t-il déclaré. « Cela peut prendre quelques heures, et cela peut prendre quelques jours. Nous n’avons pas l’intention de tenir le terrain.

Pour nombre observateurs, la dangerosité de la situation en Cisjordanie est la conséquence d’un relâchement de la coopération entre Israël et l’Autorité Palestinienne en matière de sécurité. Ir

 L’Autorité a profité de l’opération militaire du 3 juillet pour annoncer qu’elle arrêterait complètement la coopération en matière de sécurité avec Israël.

« Cette agression continue contre notre peuple… entraînera la région dans une spirale de violence et d’instabilité », a tweeté Hussein al-Sheikh, l’un des plus hauts responsables palestiniens de Cisjordanie.

Sheikh a déclaré qu’il s’était entretenu avec le ministre jordanien des Affaires étrangères au sujet de la pression internationale pour arrêter l’assaut, qui a été largement condamné par les gouvernements arabes.

La branche armée du Hamas, les Brigades Izz ad-Din al-Qassam, a déclaré sur Telegram que ses combattants combattaient aux côtés d’autres factions palestiniennes et ont affirmé avoir détruit au moins un véhicule israélien.

Nir Dinar, le porte-parole de Tsahal, a déclaré qu’un soldat israélien avait été blessé par des éclats de grenade et évacué par hélicoptère.