Bruits de botte au sommet de l’État malgache

Les informations de la lettre « Afrique Intelligence », qui évoquaient la mise à l’écart de deux généraux et de deux colonels à Madagascar, ont été confirmées. Trois  officiers supérieurs ont été auditionnés par les « gendarmes des gendarmes », à Antananarivo. Il s’agit du général de gendarmerie Ottman Itibar (de son nom de naissance Attoumani), second adjoint du commandant de la gendarmerie nationale (COMGN), du colonel Randrianirina Michaël, ex-commandant du bataillon d’infanterie de Tuléar, et du colonel Rampanarivo, ex-commandant de bataillon Recamp.

Sans rien à voir avec ces trois officiers, le général de division Andrianavoany Ratsisetrainarivo Razafy a été aussi interpellé

Les vrais protagonistes de la guerre des chefs militaires sont d’un côté le chef gendarme Ravalomanana, un homme très proche des services français (DGSE) et de l’autre, le général Lylison René de Roland, l’actuel gouverneur de la région Sofia (nord) dont il est originaire. C’est lui et non pas l’ex Président Ravalomanana qui a permis le coup d’État de 2009 avec le Corps des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT). L’armée dépend du ministre de la défense et du chef d’État-major et de l’autre la gendarmerie relève du Secrétariat d’État à la Gendarmerie (SEG), dont la chaine de commandement indépendante de celle de l’armée.

Avant de devenir voici deux ans président du Sénat puis chef de l’État par intérim, le général de gendarmerie Ravalomanana était le patron du SEG et accusait deux gardes du corps de l’ancien président Hery Rajaonarimampianina d’avoir tenté de l’assassiner. Quand le général Serge Gellé a succédé à Ravalomanana à la tête du SEG, le chef de la gendarmerie a été à remplacé dans la foulée. Njatoarisoa Andrianjanaka a alors laissé sa place au général commandant la région de la capitale, Andry Rakotondrazaka, un proche du Président Andry Rajoelina.

Supervisant l’armée, l’aviation et la marine, le général Lala Monja Delphin Sahivelo est devenu le Chef d’État-major des armées à la place de Jean-Claude Rabenaivoarivelo.

Tout ce dispositif était destiné, avec l’écrasant effectif de la gendarmerie, à contrôler le maintien de l’ordre dans la grande île durant les élections.

Quatre gradés dans le collimateur

Deuxième adjoint au chef de la gendarmerie, le général de division Ottman Itibar qui portait avant le nom d’Attoumani (1) et qui est un des rares généraux malgaches à posséder une expérience africaine militaire acquise en RDC, au Darfour et au Tchad, est soupçonné d’être proche du colonel Randrianirina Michaël, ex-commandant du bataillon d’infanterie de Tuléar, la ville du principal opposant et candidat Siteny. et du colonel Rampanarivo, ex-commandant du bataillon Recamp, destiné aux missions de maintien de la paix

La sanction contre le général de division Andrianavoany Ratsisetrainarivo Razafy, commandant de la zone de défense (ZDS) Ikopa-Analamanga (région de la capitale) est antérieure et n’a rien à voir avec le cas des trois autres militaires. Il aurait refusé au général Lala Monja Delphin Sahivelo, le chef de l’état-major des armées, d’envoyer un contingent supplémentaire place du 13-Mai, à Antananarivo, pour en interdire l’accès aux manifestants. De multiples raisons expliquent ce refus qui portait sur l’effectif demandé. La chaine de commandement n’était pas passée par le chef de l’armée de terre. Les troupes n’étaient pas disponibles et surtout les soldats attendaient des primes de week-end qui n’ont pas été débloquées.

Les officiers des provinces sont mécontents de la surreprésentation politique merina à travers la présidence de la République. De plus, les exécutants du coup d’État de 2009 ne sont pas gendarmes et ambitionnaient de plus hautes positions dans l’appareil d’État. 

(1) Ottman fait référence à l’empire ottoman et Itibar est un prénom porté aux Comores et par malgaches d’origine comorienne.