Reporté une première fois à cause de la recrudescence des cas de Covid-19 observée au début de cette année, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) se tiendra finalement du 16 au 23 octobre dans un contexte sécuritaire marqué par une menace djihadiste maximale.
Ce n’est pas un FESPACO comme les autres qui s’ouvre ce samedi à Ouagadougou, la capitale Burkina Faso. Cette année, la plus grande rencontre du cinéma et de la télévision en Afrique sera marquée non pas par sa programmation des plus alléchantes, mais par la menace des groupes terroristes.
L’ombre des mouvements terroristes
Entre projection des films en compétition officielle, débats thématiques, ateliers d’écriture et hommages aux grands noms du cinéma africain, la fête sera sûrement au rendez-vous de cette 27 ème édition du FESPACO. Mais la peur d’une action d’éclat des groupes terroristes ne sera jamais non plus très loin. Après avoir contaminé l’ensemble des 26 communes du Sahel burkinabé, la menace terroriste est désormais pressante dans la région des Cascades, frontalière avec la Côte d’Ivoire. Au Burkina Faso, l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS), allié au mouvement burkinabé Ansarul Islam fondé par l’imam Ibrahim Mallam Dicko, n’a cessé de gagner du terrain depuis 2015. Très actif dans la zone des trois frontières communes au Burkina Faso, au Mali et au Niger, l’Etat islamique garde, malgré l’élimination en juin par Barkhane de son leader Abou Adnan Al-Saharaoui, une capacité opérationnelle et logistique qui lui permet de menacer directement la capitale burkinabé qui s’apprête à accueillir le week-end prochain des milliers de festivaliers.
Un pari risqué
En organisant la 27 ème édition du FESPACO trois mois seulement après l’attaque terroriste de Solhan, nord-est du pays, qui a fait plus de 160 morts et provoqué une émotion planétaire, le pouvoir burkinabé s’engage dans un pari risqué. De milliers de festivaliers venus du monde entier dans des salles de projections, les hôtels, les restaurants, les maquis servant du poulet-bicyclette sont en effet des cibles idéales pour les groupes djihadistes qui ont par le passé frappé par deux fois la capitale burkinabé (2016, 2018). Dans un tel scénario, le pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré serait à la peine pour se défendre, l’ampleur de la menace étant connue de tous. En revanche, si la 27 ème édition se passe sans incident le pouvoir burkinabé espère en tirer la plus grande gloire, en vantant son contrôle de la situation sécuritaire dans le pays. Il espère surtout donner ainsi des gages à ses partenaires internationaux, particulièrement ceux qui ont soutenu l’organisation du FESPACO : Union européenne, OIF, PNUD, UNESCO, PNUD, Africalia, Prince Claus Fund, Stichting Doen, CEDEAO, UEMOA, Conseil de l’Entente. Reste toutefois à savoir si l’organisation du festival, même avec zéro incident, suffira à désamorcer la controverse sur l’opportunité de tenir un rassemblement festif planétaire dans un pays qui compte près d’un million de déplacés internes et des centaines des milliers d’enfants privés d’écoles en raison de la menace terroriste.