Algérie, le procès emblématique du journaliste Ihsane el-Kadi

La justice algérienne aux ordres devrait rendre son verdict contre le représentant courageux de la presse algérienne, Ihsane El-Kadialors que s’intensifie une répression sévère contre tous les foyers résiduels du Hirak.

Incarcéré depuis près de trois mois, le journaliste algérien, soutenu par seize patrons de presse, est comparu pour collecte illégale de fonds ce dimanche 12 mars. Une audience qu’il entend boycotter, ses défenseurs dénonçant un procès sous l’influence du pouvoir algérien.

Cet automne, cet éditorialiste avait appelé à un candidat de consensus issu du Hirak pour la Présidentielle de décembre 2024. Et cela afin d’éviter « une dérive à la Bouteflika ». Ce qui avait nui en haut lieu ! Du coup, le président de la République algérien, voici une semaine, s’est permis, en violant la présomption d’innocence, de traiter Ihasan El-Khadi d' »indicateur ». Ce qu’il avait dèja fait, il y a deux ans, en qualifiant le représentant de France 5 Monde lui aussi d' »indic ».

La liberté de la presse détruite

Ces derniers mois, les atteintes à la liberté de la presse ont connu une aggravation continue “La situation de la liberté de la presse était déjà préoccupante, il est regrettable de constater qu’elle le devienne encore un peu plus chaque jour, déplore le directeur du bureau Afrique du nord de RSF, Souhaieb Khayati. Nous appelons les autorités algériennes à mettre un coup d’arrêt aux atteintes qui peuvent affecter de façon durable le droit d’informer des journalistes et le droit à être correctement informés des citoyens algériens. “

3 journalistes condamnés  à des peines de prison

  • La journaliste de Radio M, Kenza Khatto, est condamnée le 1er juin 2021 à trois mois de prison avec sursis et à une amende après avoir couvert une manifestation pacifique le 14 mai dernier à Alger.
  • Le journaliste et rédacteur en chef du quotidien régional le ProvincialMustapha Bendjama, est condamné le 27 juin 2021 pour “atteinte à l’intérêt national” à deux mois de prison avec sursis et à une amende de 20.000 DZD (environ 125  euros).
  • Le correspondant du journal Liberté à Tamanrasset, Rabah Kareche a été condamné le 12 août 2021 à un an de prison dont huit mois ferme et une amende de 20.000 DZD. Il a été jugé coupable de « diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public » ;  «administration d’un compte électronique consacré à la diffusion d’informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société » et « usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et à l’unité nationales ».

1 journaliste condamné à une amende

  • Le journaliste et directeur du site Essafir Broadcast, Abdelhakim Setouane, a été condamné à 30.000 DZD d’amende (environ 190 euros) au lieu des six mois de prison ferme requis par le procureur, après deux reports du verdict suite à la plainte déposée contre lui par un député pour diffamation.

2 journalistes en détention provisoire

  • Le journaliste au quotidien francophone Liberté, Mohamed Mouloudj, est officiellement placé en détention provisoire depuis le 14 septembre. Il est poursuivi pour “atteinte à l’unité nationale”, “publication de fausses informations” et “adhésion au mouvement du MAK”, récemment classé  par les autorités algériennes comme organisation terroriste.
  • Le journaliste indépendant Hassan Bouras, également membre de la Ligue algérienne des Droits de l’Homme (LADDH) est en détention depuis le 6 septembre 2021, sur la base de neuf chefs d’inculpation  dont “atteinte à l’unité nationale”, “propagation  de fausses informations” et “utilisation de moyens technologiques afin de mobiliser des personnes contre l’autorité de l’Etat”.

3 journalistes sous le coup de procédures judiciaires 

  • La productrice et présentatrice de l’émission de santé “Ton médecin en direct” à la radio locale de Taref à l’Est de l’Algérie, Nadjet Ben Messaoud, est poursuivie pour “diffamation” depuis le 6 août 2021, à la suite de la diffusion d’un reportage sur le manque d’oxygène dans la région. Le directeur de l’hôpital régional a mis cause la véracité du reportage qui signalait un décès dû à un manque d’oxygène dans l’établissement. 
  • La photojournaliste Jamila Loukil qui a couvert les manifestations du Hirak pour le journal Liberté à Oran ,et qui travaille à médiatiser les problèmes liés à la situation des migrants en Algérie, est notamment poursuivie pour « complot contre la sécurité de l’État pour inciter les citoyens à prendre les armes contre l’autorité de l’État ou à porter atteinte à l’intégrité du territoire national » ; et pour « publications d’information pouvant porter atteinte à l’intérêt national ».
  • Le journaliste de Radio M, Said Boudour, qui enquête sur des affaires de corruption est  notamment poursuivi pour « complot contre la sécurité de l’État pour inciter les citoyens à prendre les armes contre l’autorité de l’État ou à porter atteinte à l’intégrité du territoire national » et pour « publications d’information pouvant porter atteinte à l’intérêt national”.

2 journalistes arrêtés arbitrairement

  • Deux jours avant le scrutin des élections législatives, le 10 juin  2021 , le directeur de Radio M, Ihsane El kadi et le directeur de Casbah Tribune, Khaled Drareni sont arrêtés par la Sécurité intérieure et interrogés durant 30 heures. En liberté provisoire depuis le mois de février suite à une mesure de grâce présidentielle, et après avoir obtenu un pourvoi en cassation, Khaled Drareni va repasser devant les juges ce mercredi 23 septembre. Il avait été condamné en appel le 15 septembre 2020 à deux ans de prison pour “incitation à une manifestation non autorisée” et “atteinte à la sûreté de l’Etat”.

2 médias privés d’accréditation

  • Le 31 juillet 2021, la chaîne d’information arabe Al Arabiya se voit retirer son accréditation par le ministère de la Communication pour “non-respect des règles de la déontologie professionnelle et recours à la désinformation et à la manipulation”.
  • Le 13 juin 2021, la chaîne de télévision France 24 perd son accréditation sous prétexte de “non-respect de l’éthique”. 

L’Algérie figure à la 146e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par RSF. Le pays a perdu 27 places depuis 2015.

La presse algérienne se mobilise en faveur du journaliste Ihsane El Kadi

5 Commentaires

  1. @Lycia, Je comprends votre amertume, mais il faut faire les comptes avec l’histoire. Nous n’avions pas accumulé le savoir ni même un capital d’expérience historique pour déboucher sur un processus intelligible et m0derne. Le parcours a été en tatonnage, après le Congrès de la Soummam laïc on invente celui de Tripoli pour circonscrire la laïcité du congrès de la Soummam. Les agents du Caire avaient déconstruit toute la plateforme. La prise d’Alger en 62 par la junte militaire a été aidée par la France, autrement dit le GPRA qui était pluriel, aurait débouché sur un procédé démocratique. Le FFS qui en 63 avait refusé le système féodal introduit par benbelle et boumediene suite au coup d’État, a été massacré et les oulémas soutenaient « moralement » le régime justifiant la primauté de la « oumma » islamique sur la nation laïque. De fil en aiguille on est là à vivre hors de notre peau. La prise d’Algerquitte à me répéter, je vous suggère d’être plus humble dans votre critique. Voilà la déclaration de Mehri, un ex-secrétaire du FLN: » c’est De Gaulle qui nous a imposé l’arabisation ». Bien entendu, cette arabisation couvait l’islamisme comme sous-jacent. La médiocrité est aussi française qui a dédouané/ « halalisé » toutes les «  »élections » » truquées en Algérie depuis 62, incroyable que les terre des droits de l’homme nie à l’opposition démocratique la parole et soutiendra la dictature. Avec le peuple le plus francophone et francophile, vous aviez besoin de soutenir le régime qui garantissait les intérêts de conjoncture. Quand on sacrifie ses alliés potentiels, les démocrates algériens, par supériorité présumée, on sacrifie la perspective historique de toute la région. On ne gagne rien à vouloir du mal, aujourd’hui c’est un gâchis qui reste à partager. Notre génération doit prendre le poids qui lui revient, car la modernité transcende charnellement les hommes pour prendre racine. Dans notre cas c’est juste un retour en mieux dans le terroir de Dyhia.

  2. Lycia. Tu t’exprime en ton nom. alors je t’explique même si l’Algérie n’est pas devenu ce qu’elle aurait dû , tu ne peux pas insulter des millions d’Algériens de cette façon. Mais ce que je trouve lamentable, mais qui ne m’étonne pas c’est que Mr beau qui habituellement est très regardant sur les commentaires, laisse passer un commentaire aussi insultant vis à vis de tout un peuple . Alors que ça te plaise ou pas vive l’Algérie indépendante. Que ça te plaise ou pas aujourd’hui 95 % des Algériens savent lire et écrire aujourd’hui.Ils ont accès aux médecins ont des logements portent des chaussures. Si tu avais été fils ou fille de moudjahid, tu saurais que ce n’était pas le cas du temps de la France. Tu saurais que nos parents avaient froid avaient faim. Quand je lis ton commentaire, j’ai plus l’impression de lire le commentaire d’un fils d’un ancien de l’OAS aigris. Tu insultes le peuple algérien, il a manifesté pendant près de deux ans tous les vendredis sans rien saccagé. Quel peuple a fait ça. Tu veux que je te parle du peuple français qui a vandalisé la place du soldat inconnu. tu nous traite de sauvages regarder les manif en Algérie. Quand les manifestabts arrivent devant des hôpitaux, ils se taise. En France, chaque manifestation finit par des dégâts. alors ne nous insulte pas et ravale ta rancœur Tahia el’jazair.

  3. vous n’avez que ce que vous méritez , l’indépendance est confisquée depuis 1962 c’est un fait mais vous : le peuple qu’avez-vous apporté à votre bled pour contester le système? il gouverne avec la rue infestée d’islamisme et de médiocrité. Vous voulez être un grand peuple mais vous n’en avez pas l’envergure . c’est votre médiocrité d’esprit qui est à l’origine de vos échecs , cet esprit moyenâgeux dont vous faites sans cesse preuve et qui justifie la colonisation française qui vous avait tant apporté, depuis que la france est parti, c’est la cata
    et je m’exprime au nom d’enfant d’ancien moudjahid pour ne pas dire ancien imbécile pour avoir cru à l’indépendance . Payer vos erreurs!

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