Le théologien Ahmed Jaballah, ancien président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), devenue Musulmans de France, a quitté la France dans une grande discrétion, alors que l’avenir des Frères Musulmans en France est incertain et que l’UOIF ne sait plus à quel protecteur étranger faire allégeance
L’imam Mahjoub Mahjoubi, un parfait inconnu avant de déclarer que le drapeau français était « satanique » et que la charia serait la « seule loi légitime et juste à ses yeux », a été expulsé presque sur le champ, le 22 février dernier.Il ne s’agit pourtant que d’un second couteau, sans légitimité particulière. En revanche, les médias ne se sont guère intéressés au départ, également pour la Tunisie, d’Ahmed Jaballah, doyen de l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Paris-Saint-Ouen, vice-président du Conseil européen de la Fatwa, et membre de l’Union internationale des savants musulmans. Il s’agit pourtant d’un des hommes clés de la confrérie des Frères Musulmans en France
Le ministère de l’Intérieur mobilisé
Ce religieux est certes parti de son plein gré. Certes, il était sous la menace d’une décision d’expulsion du gouvernement à quitter le territoire français depuis le 30 janvier 2024. Mais en raison de ses multiples relations, Ahmed Jaballah aurait pu s’opposer à ce départ encore pendant des mois, sinon des années. Il est encore trop tôt pour expliquer ce voyage-retour de sa propre initiative, en compagnie de sa fille. Selon Europe 1, les autorités françaises ont décidé de prendre une mesure d’interdiction administrative du territoire afin qu’il ne puisse pas revenir en France.
Diplômé d’une maîtrise en sciences islamiques à l’université Zitouna, en Tunisie, et d’un doctorat d’islamologie à l’’université de la Sorbonne, Ahmed Jaballah est l’auteur d’une thèse sur « La notion du travail dans le Coran », il est co-auteur de l’ouvrage « L’avenir de l’islam en France et en Europe ». Lors d’une session du Conseil européen de la Fatwa, qui se tenait à Istanbul en 2005, Youssef Qaradawi, auteur du « Licite et l’illicite en Islam » et star de la télévision du Qatar, reprochait à Ahmed Jaballah de se montrer trop conciliant vis-à-vis de la laïcité en France.
L’UOIF, un avenir incertain
Membre dirigeant de l’UOIF, la branche tricolore des Frères musulmans dans l’Hexagone, Ahmed Jaballah menait alors des négociations complexes avec Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, qui lui témoignait beaucoup d’égards dans la mesure où il apparaissait comme un des hommes clés de l’organisation de l’Islam en France. Les temps ont changé, son étoile a pâli.
Et voici Ahmed Jaballah qui quitter la France, alors qu’il a été président de l’UOIF, la principale organisation islamique en France et qu’il est toujours président du Conseil théologique musulman de France. Ce départ non expliqué démontre que l’avenir de la Confrérie est devenu fort complexe. Le mouvement a explosé en différentes tendances, les deux principales étant à Londres et à Istanbul.
Avec la réconciliation entre la Turquie et l’Egypte, les Frères musulmans perdent en tout cas le soutien affiché d’Erdogan. Le Qatar, appelé à jouer un rôle central au Proche Orient et sur l’échiquier mondial, n’a plus besoin de financer les mosquées françaises et européennes. L’UOIF dont s’éloigne ses dirigeants historiques est en perte de vitesse.
Et le ministre français de l’Intérieur n’a que des Imams sans envergure à expulser pour nourrir sa croisade anti islamiste !