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Tunisie, trente ans de prison pour un joint

Dans un contexte très tendu entre l’appareil sécuritaire, aujourd’hui largement ressoudé et une jeunesse tunisienne qui hésite entre l’émigration et le djihad, trois jeunes ont été condamnés à trente ans de prison pour avoir consommé du cannabis.

Au nom d’une loi adoptée par l’ex dictateur Zine Ben Ali, aujourd’hui décédé.

Plus de 20% des détenus tunisiens le sont pour consommation de cannabis. Et pour des peines délirantes dans des prisons surpeuplées où les viols sont quotidiens. La condamnation des trois jeunes a eu lieu dans le gouvernorat (Préfecture) du Kef, une région pauvre de la Tunisie de l’intérieu au Nord Ouest du pays. Or fin janvier, trois jeunes ont été condamnés à trente ans de prison pour avoir fumé un joint et, circonstance jugée aggravante, à l’intérieur d’un stade.

Tambouille judiciaire

Selon le site d’information Kapitalis, qui cite le porte-parole du tribunal de première instance du Kef, le juge a cumulé un certain nombre d’infractions pour arriver à un total de trente ans.

Outre la consommation de cannabis très répandue en Tunisie, les jeunes ont été poursuivis pour avoir “aménagé un lieu en vue de son exploitation à l’usage de stupéfiants”, rappelle le journaliste tunisien Malek Ben Salem. 

Le juge, sans doute nostalgique de ce temps la loi et l’ordre qui rêgnaient en Tunisie sous le présidence du général Ben Ali, ont profité d’un article du Code pénal aggravant la peine lorsque la consommation de substances illicites a lieu dans un endroit public. Le but sous la dictature était de réprimer les mobilisations populaires qui s’exprimaient principalement dans les stades lors des matches de football. Quand l’absurde rejoint l’injuste !

« Sous le carrelage, la colère »

“Taht ezzliz barcha takiz” (“sous le carrelage beaucoup de colère”] : ce slogan – difficile à traduire – exprime la colère de la jeunesse qui est descendue massivement dans la rue pour célébrer à leur façon le dixième anniversaire de la Révolution tunisien.

En France, le président de l’Institut du monde arabe Jack Lang a souhaité réagir sur Twitter :« Comment un tribunal tunisien peut-il condamner à 30 ans de prison ferme trois jeunes pour avoir consommé du cannabis, en vertu d’une loi de Ben Ali? L’exemplaire démocratie tunisienne mérite mieux. Je conjure les autorités tunisiennes d’intervenir pour éviter cette peine injuste. »

Lien :https://twitter.com/jack_lang/status/1356520558268137474?s=08

Ce printemps de janvier 2011 qui avait fait naitre tant d’espoirs est devenu un hiver arabe !

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