L’ambiance était surchauffée à Tunis le vendredi 1er octobre, le jour supposé de la rentrée parlementaire., où une poignée de députés a voulu reprendre possession de « leur » parlement. Mais sans succès, en raison de l’intervention musclée des forces de l’ordre
La veille du 1er octobre, jour supposé de la rentrée parlementaire, et à grand renfort de communiqués irrévocables, environ 90 députés avaient annoncé leur ferme détermination à se rendre à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) — toujours cadenassée et dont l’accès est bloqué par les blindés de l’armée depuis le 25 juillet —, afin d’y entrer et reprendre un travail dévoué. Dès les premières heures du vendredi 1er octobre, les forces de sécurité multipliaient leur présence afin de contenir les députés attendus et défendre toute entrée: véhicules blindés et banalisés, militaires et policiers en nombre, drones survolant la place du Bardo (siège de l’ARP), etc. Le tout afin de faire respecter les « mesures exceptionnelles » du Président Saïed, avec le risque de dérapages et débordements…
Le baroud d’honneur de Mohamed Goumani
Au final, seule une poignée de députés a effectué l’audacieux déplacement. Mohamed Goumani, député du mouvement islamiste Ennahdha venu pour « reprendre le travail après la fin des vacances parlementaires », car estimant que « le peuple tunisien ne doit pas rester sans pouvoir législatif et sans parlement », en a été pour ses frais. Vivement pris à partie par des dizaines de citoyens, il a été précipitamment exfiltré vers son véhicule sous un torrent d’insultes et de « dégage ! »… Par les forces de l’ordre… La forte mobilisation des députés « légitimes » a donc fait pschitt et c’est sans doute aussi bien pour l’image et la situation de la Tunisie.
L’épisode s’inscrit dans la bataille indécise que continuent à se livrer députés pro et anti mesures présidentielles du 25 juillet et décret 117 du 22 septembre. Mais comme souvent la ligne de partage n’est pas aussi nette, de nombreux députés et politiques ayant initialement soutenu les annonces du Président Saïed du 25 juillet ont ensuite exprimé de sincères inquiétudes après la publication au JORT du décret 117 et devant l’étendue des pouvoirs qu’il s’arrogeait pour l’occasion.
Enfin une nouvelle cheffe du gouvernement tunisien, Nejla Bouden