RD Congo : le journaliste Stanis Bujakera, prisonnier politique


Le journaliste le plus suivi du pays détenu dans un dossier éminemment politique

(Kinshasa, 2 février 2024) –  Les autorités de la République démocratique du Congo devraient immédiatement libérer sans condition le journaliste de renom Stanis Bujakera et abandonner les poursuites engagées contre lui, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Bujakera est détenu depuis le 8 septembre 2023, d’abord en garde à vue puis à la prison centrale de Makala à Kinshasa.

Les autorités ont accusé Stanis Bujakera d’avoir fabriqué et distribué une fausse note des services de renseignement affirmant que les services de renseignement militaire congolais avaient tué un cadre de l’opposition, Chérubin Okende. Cette note de deux pages est à la base d’un article publié dans Jeune Afrique dont Stanis Bujakera n’est pas l’auteur. Le 2 février 2024, un tribunal de Kinshasa devrait se prononcer sur la nomination de nouveaux experts chargés d’authentifier la note.

« Près de cinq mois après l’arrestation de Stanis Bujakera par les autorités congolaises, l’affaire semble de plus en plus motivée par des considérations politiques et s’inscrit dans un cadre de répression contre les médias », a déclaré Thomas Fessy, chercheur principal sur la RD Congo à Human Rights Watch. « Les autorités devraient immédiatement abandonner toutes les poursuites engagées contre Stanis Bujakera, le libérer et veiller à ce que les journalistes puissent faire leur travail sans craindre d’être arrêtés ou harcelés par la justice. »

Stanis Bujakera, 33 ans, est directeur adjoint du média en ligne congolais Actualite.cd. Il est également reporter pour Jeune Afrique et l’agence de presse internationale Reuters. Il est le journaliste le plus suivi du pays sur les réseaux sociaux.

La police l’a arrêté le 8 septembre à l’aéroport de Ndjili à Kinshasa alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur un vol. D’abord placé en garde à vue, il a ensuite été transféré en prison le 14 septembre après avoir été inculpé de « propagation de faux bruits », « faux en écriture », « falsification des sceaux de l’État » et « transmission de messages erronés et contraires à la loi ». Il risque jusqu’à 10 ans de prison selon ses avocats.