Présidentielles Tunis, le sondage des Américains qui donna 24,1% à Karoui

Le sondage du très sérieux International Republican Institute (IRI), connu pour être proche de l’administration Trump donnait, le 10 septembre, Nabil Karoui largement en tète cinq jours avant le premier tour des Présidentielles.

Voici un document resté confidentiel et qui donnait les résultats des intentions de vote du premier tour. L’enquête a été été discrètement commandée par l’International Républican Institute (IRI), un think tank très politique basé à Washington et lié au Parti Républicain. Une antenne de l’IRI s’est installée à Tunis dès le mois d’avril 2011, soit trois mois après le début du printemps tunisien.

Une enquête crédible

L’enquête a été menée le 10 septembre, soit trois jours avant le désistement de Mohsen Marzouk, l’ancien conseiller du président Beji qui figure encore parmi les candidats, .

Les sondeurs de l’IRI, très professionnels, menèrent une enquête de terrain Le résultat est sans appel. Un quart des Tunisiens se porte sur le patron de Nessma TV, bien qu’emprisonné et son concurrent le plus proche, Kais Saied, n’obtient que 11,3% des suffrages.

La méthode du porte à porte privilégiée par l’IRI aurait-elle permis de cerner l’électorat de Karoui souvent âgé? C’est une hypothèse recevable.

Trou d’air

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Ces résultats peu de jours avant le scrutin donnaient une tendance lourde qui aurait du être grossièrement vérifiée. Comment s’expliquer alors la chute brutale de 24% d’intentions à 15% de vots en faveur de Nabil Karoui, sans qu’aucun événement ne bouleverse la campagne électorale. Sans le même temps, son principal challenger, Kais Saied, progressait de 11% à 18%

On se perd en conjectures à Tunis sur les raisons qui expliqueraient, moins d’une semaine avant le scrutin, de tels transferts. A moins que ce « sondage » ne masque la volonté d’un Institut proche des Trump de grossir artificiellement la popularité du candidat populiste.

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)