Pour le colonel guinéen Doumbouya, « les Français se croient plus intelligents »

Dans le discours prononcé voici trois ans devant l’École de guerre,  le colonel Mamady Doumbouya, l’ancien caporal de la Légion étrangère au sein de la 25eme promotion (2017-2018) devenu, depuis dimanche, le nouveau patron de la Guinée, critiquait vertement la France devant un auditoire d’officiers rassemblés pour un symposium. Extraits

« La plupart du temps, ils sous-estiment les capacités humaines et intellectuelles des Africains, ce qui est particulièrement irritant puisque les officiers africains et français sortent des mêmes écoles, dont l’École de guerre. Mais une fois arrivés en Afrique, les Français se croient souvent plus intelligents et estiment qu’ils maîtrisent mieux le sujet que nous, ce qui n’est que rarement le cas. Nous déplorons leur attitude hautaine. Nous ne sommes pas aussi incompétents qu’ils le croient ».

Le soupçon de ségrégation raciale porté contre les Français est audible dans cette intervention sans concessions. « Sur le plan privé, les officiers étrangers privilégient les circuits touristiques au détriment de la vie de leurs homologues africains, qui ne les intéresse pas et restent pour eux des inconnus ». Autrement dit et en termes crus, les militaires français préfèrent mener joyeuse vie dans les capitales africaines plutôt que de partager des moments de détente avec leurs homologues africains. « Le regard des militaires étrangers en Afrique a évolué au fil du temps, poursuivait le nouveau patron de la Guinée. Autrefois, un Blanc était forcément considéré comme une personne compétente, ce qui n’est plus le cas désormais, puisque nous nous permettons de poser un regard critique sur leurs actions et leurs explications grâce à nos formations plus poussées ».

Guinée, le réquisitoire de Mamady Doumbouya contre « le pouvoir des Blancs »

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)

1 COMMENTAIRE

  1. Viendra le jour, inchallah, où la France quittera, la queue basse entre les pattes, notre continent grâce aux hommes libres comme le valeureux colonel guinéen Doumbouya.

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