Moussa Aksar, le patron d’un journal du Niger qui avait repris l’article de Mondafrique sur Boube Hima, richissime homme d’affaires, reçoit des menaces de mort d’un marchand d’armes
Moussa Aksar, directeur de publication du journal L’Evénement, a reçu mercredi des menaces de mort par texto du richissime Boubé Hima, plus connu sous les sobriquets de Petit Boubé et Style Féroce, après avoir repris sur son site l’article de Mondafrique qui publiait les photos du Palais rutilant de ce dernier à Niamey. Moussa Aksar, qui est aussi le président de la Cellule Norbert Zongo pour le Journalisme d’Investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) a rendu publics les messages de Boubé Hima, actuellement au cœur d’un scandale monstre de détournement des fonds destinés à l’équipement des forces armées, que les autorités nigériennes peinent à juguler.
« Jalousie maladive »
Visiblement
ulcéré par la révélation de sa fortune, qu’il exhibe pourtant volontiers
d’habitude entre un parc d’automobiles de luxe et un patrimoine immobilier
aussi vaste que spectaculaire, Petit Boubé a envoyé à Moussa Aksar des messages
d’intimidation et de colère : « jalousie maladive », « si
tu es un homme, on se rencontre au Château (nom d’un quartier de la capitale où
il habite) », « Inchallah, tu ne vas plus insulter quelqu’un dans ta
vie », «vous êtes un peu trop contre la volonté de Dieu. »
Journaliste d’investigation très connu au Niger, Moussa Aksar a aussitôt saisi
le procureur de Niamey, les organisations de défense des droits de l’Homme et
les organisations de défense des journalistes.
Proche de plusieurs très hauts responsables du pays, Petit Boubé a vu sa fortune croître aussi vite que l’insécurité, depuis l’arrivée au pouvoir du président Mahamadou Issoufou. Il est le plus connu des intermédiaires cités dans le récent rapport d’inspection du ministère de la Défense faisant état de fausses factures, de commissions occultes et de marchés d’armement non livrés, pour des montants de plusieurs milliards de francs CFA. Il s’était fait la main au Nigeria, où il avait été impliqué il y a plusieurs années, aux côtés du conseiller spécial en sécurité de l’ex-Président Goodluck Jonathan, Sambo Dazuki, dans des détournements de millions de dollars d’armement.
La CENOZO a condamné « avec la plus grande fermeté cet acte d’un autre siècle » et interpellé la justice nigérienne. « Elle lance un appel aux autorités politiques nigériennes afin que des dispositions soient prises pour assurer la sécurité de notre confrère ainsi que celle de tous les journalistes nigériens dans l’exercice de leur métier. »