Mauritanie, l’ONU dénonce l’arrestation arbitraire d’un sénateur

Le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire issu du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies a fait parvenir au Gouvernement mauritanien, le 22 juin 2018, un mémorandum au sujet de l’emprisonnement abusif auquel est soumis le Sénateur Mohamed Ould Ghadda depuis le 10 août 2017.

Ce mémorandum de l’ONU intervient après l’examen par le Groupe de Travail de la réponse qu’il a reçue, en date du 12 mars 2018, de la part du gouvernement mauritanien, à propos des questions qu’il a adressées à ce dernier le 19 janvier 2018 sur cette affaire.

Une avalanche d’irrégularités

Le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire a confirmé que la détention du Sénateur Mohamed Ould Ghadda est considérée comme abusive en se basant, entre autres, sur le fait que l’arrestation a eu lieu en raison de l’action du Sénateur dans le cadre de la campagne contre les amendements constitutionnels. L’homme politique mauritanien a été arrêté alors qu’il jouissait encore de son immunité parlementaire. Sa détention préventive n’a pas respecté les délais légaux sans qu’il lui soit permis de rencontrer les siens ou son avocat. Il a été arrêté sur la base d’une accusation « de crimes transfrontaliers de grande ampleur », infractions qui ne sont pas définies dans le droit mauritanien.

Une détention abusive

Le mémorandum réclame :

  • La libération immédiate du Sénateur Mohamed Ould Ghadda, vu le caractère illégal de sa détention.
  • Son indemnisation pour les préjudices moraux et matériels qu’il a subis.
  • La nécessité de mener une enquête sur son cas.
  • La fin de ce genre de détentions abusives.
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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)