Entre les deux hommes, ça n’a jamais été le grand amour. Et cela ne semble pas s’arranger. Mardi en début de soirée, alors que les Marocains rompaient le jeûne devant leurs sitcoms ramadanesques, le principal conseiller du roi Mohammed VI s’est fondu d’une déclaration à la presse accablant l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. La raison de la colère du conseil royal est le silence du patron du PJD après l’apparition d’une information dans la presse, habituellement proche de Benkirane, selon laquelle « la visite de courtoisie » effectuée par El Himma chez Benkirane aurait eu pour objectif de le charger d’un rôle dans les évènements du Rif. Le bon sens aurait voulu que l’ancien chef du gouvernement limogé il y a deux mois démente de telles informations, mais probablement, par calcul politique, il a préféré garder le silence. Ce qui a fait sortir El Himma de ses gonds, l’obligeant à faire le ménage lui-même en recadrant sévèrement Abdelilah Benkirane, lui rappelant au passage que sa page est définitivement tournée. El Himma a insisté dans sa déclaration sur le fait qu’il n’y a qu’un seul chef du gouvernement en la personne de Saâd Eddine El Othmani, chargé par le roi de réunir les partis politiques et les élus et de trouver une solution au Hirak du Rif.
El Himma a voulu également démonter à Benkirane, passé maître dans l’art de la communication virale dont il fait un outil majeur de son pouvoir personnel, qu’il n’est pas le seul à savoir provoquer le « buzz ». Et peut-être que sur ce terrain-là, les réseaux sociaux et les médias électroniques seraient plus friands de la parole d’un conseiller royal que de n’importe quel autre. Un message bien arrivé à destination, puisque le destinataire n’a pas voulu répondre aux sollicitations de la presse à ce sujet, d’autant plus que le conseiller du roi a bien voulu lui rappeler que les évènements d’Al Hoceima avaient éclatés quand il était encore aux commandes et que pendant six mois il avait préféré regarder ailleurs.