Le Maroc qui donnait l’impression de faire figure de bon élève du Maghreb doit affronter les mêmes mécontentements populaires et les mêmes sarcasmes des internautes.
Prévoyant, le royaume avait signé un accord de coopération avec le laboratoire chinois Sinopharm, le 20 août dernier. Des marocains ont participé aux essais cliniques de phase III du vaccin Sinopharm, la dernière avant l’homologation. En contrepartie, le Maroc devait avoir un accès prioritaire pour recevoir dix millions de doses de ce vaccin, avant la fin de 2020.
De fait, à l’automne, près de 600 volontaires marocains ont participé à la phase III de ces essais. Et de fait, les vaccins ne sont toujours pas arrivés à bon port ce 15 janvier 2021 et personne n’est en mesure de dire quand ils arriveront.
L’opposition très remontée
En plus de la grogne des médecins débordés et des citoyens déboussolés, le régime marocain doit faire face aux critiques de l’opposition. Le parti conservateur de l’Istiqlal a interpellé le ministre de la santé au Parlement, lui reprochant de « faire des Marocains des cobayes dans cette course mondiale au vaccin menée par les grandes puissances ».Face au retard chinois, les autorités marocaines, sous pression, ont validé le 7 janvier une « autorisation temporaire d’urgence » pour le vaccin contre le Covid-19 élaboré par le laboratoire britannique AstraZeneca et l’université d’Oxford.
Sans cesse le roi Mohamed VI promet une vaccination gratuite et la plus élargie possible, mais jamais il ne prend le risque d’avancer une date pour le début de la campagne de vaccination, une prudence justifiées aujourd’hui par les lenteurs de la campagne de vaccins..
Le ministre de la Santé, bouc émissaire
Face à cette crise sanitaire doublée de crise de confiance, le ministre de la santé fait figure de bouc émissaire. La presse marocaine s’acharne contre Khalid Aït Taleb. « Si on ne peut le tenir responsable des tensions sur les producteurs de vaccins qui s’imposent au Maroc comme à la plupart des pays, il est irresponsable de nourrir de faux espoirs parmi la population. Un ministre de la Santé est censé prendre soin de la population, et non créer des névroses » écrit le site yabiladi.com.
Mohamed Ezzouak, le directeur du site, résume bien la situation: « Le Ministre de la santé nous assure de passer un ramadan sans mesure restrictive, puisque l’immunité collective post-vaccinale serait atteinte d’ici début mai. En bon scientifique pragmatique, Aït Taleb fait le décompte du planning : 12 semaines de campagne vaccinale + 2 semaines après la seconde dose pour s’assurer que l’immunité atteigne son pic… Le compte est bon ! Mais pas un mot sur la principale inconnue de l’équation : la date de début ».
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