Entre instrumentalisation de la justice pour neutraliser des probables présidentiables et manifestations orchestrées pour demander la prolongation de la transition, le plan secret du colonel Assimi Goïta pour ne pas quitter le palais de Koulouba à Bamako se met en place.
L’agenda caché de la junte militaire, qui a renversé en août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keita, avant de procéder à un coup d’Etat dans le coup d’Etat en mai dernier, que Mondafrique avait évoqué il y a plusieurs mois, se met en place. Sous couvert d’une opération mains propres, le colonel Assimi Goïta, président de la transition militaire et ses camarades, ont entrepris d’écarter du chemin de la présidentielle les candidats les plus en vue de la prochaine présidentielle (voir l’article ci dessous, « Mali, une opération mains propres », pas si propres »).
Vernis populaire
Parallèlement au levier judiciaire, le plan secret pour maintenir Goïta au pouvoir prévoit l’organisation des manifestations populaires à présenter surtout comme spontanées pour demander la prolongation de la transition au motif que le temps restant ne permet pas de tenir le calendrier électoral qui prévoit l’organisation d’un référendum constitutionnel, des élections locales, des législatives et la présidentielle d’ici au mois de février 2022. En réalité, les militaires ont en amont tout préparé pour donner de la crédibilité et conférer un vernis populaire à cette revendication. Aucun signe matériel en effet n’est venu attester de la grande mobilisation de la junte et son gouvernement de hâter la fin de la transition et d’aller rapidement aux élections générales. Visiblement, les autorités de la transition avaient d’autres urgences.
A la différence du versant judiciaire du plan secret, la manœuvre de la prolongation de la transition semble à coup sûr sur le point de réussir. Sauf à précipiter le pays dans le chaos, on ne voit pas objectivement comment le Mali pourrait tenir d’ici la fin février dans des conditions de transparence et de crédibilité acceptables toutes les échéances électorales prévues. A supposer même que les deux premiers volets du plan secret ayant réussi, il restera encore l’obstacle de la candidature d’Assimi Goïta, une hypothèse impossible en vertu des textes régissant la transition.
Bras de fer avec la communauté internationale
Sous couvert de la défense de la souveraineté nationale, la junte entend, avec ses partisans, engager un bras de fer avec la communauté internationale pour faire sauter ce verrou. Tout devrait donc se jouer au rapport de forces entre, d’un côté, les militaires maliens et leurs supporters et, de l’autre, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine et le reste de la communauté internationale. Après avoir imposé, contre toute évidence, le principe d’une suite de transition gérée, après le coup d’Etat dans le coup d’Etat, par le colonel Goïta, la junte malienne est convaincue qu’elle parviendra à imposer le principe de sa candidature puis de sa victoire à la présidentielle de 2022.
Wait and see, dit-on de l’autre côté de la Manche.
Mali, une opération « mains propres », pas si propres