L’OIT met en avant les progrès réalisés par le Qatar pour protéger les travailleurs sur les stades de la Coupe du Monde de football sans avoir nécessairement l’indépendance financière pour le faire
Un article de Ian Hamel
L’Organisation internationale du travail (OIT), dont le siège est à Genève, a la particularité de compter dans son conseil d’administration, aux côtés des 28 représentants gouvernementaux, 14 représentants des employeurs et 14 représentants des travailleurs. On peut donc imaginer que cette organisation internationale se montre sensible au sort des Indiens, des Népalais, des Bangladais, qui édifient des stades pour accueillir la Coupe du monde de football au Qatar, qui débute en novembre prochain.
En 2021, une analyse de l’OIT avait montré que 50 travailleurs avaient perdu la vie en 2020, un peu plus de 500 avaient été gravement blessés dans le cadre de leur travail. On est loin des chiffres avancés notamment par le journal anglais, « The Guardian » avait alerté l’opinion publique en février 2021 en révélant que 6 500 travailleurs étrangers étaient déjà morts sur les chantiers.
Depuis, l’OIT, où “pantouflent“ d’anciens responsables syndicaux à la retraite, notamment des Français, vante les progrès accomplis dans la gestion des conditions de travail depuis qu’elle a signé en septembre 2017 un accord avec le Qatar. En effet l’émirat gazier a adopté une loi sur le salaire minimum. Celui-ci se monte à 1000 QR (Riyal Qatarien), soit 280 euros par mois. Les travailleurs étrangers ont également obtenu d’autres droits, comme celui de pouvoir changer d’employeur, ou de ne pas se voir confisquer leur passeport à leur arrivée. Des avancées réelles même si les droits restent souvent très théoriques.
Le Qatar, juge (financier) et partie
Le problème est que le soutien technique apporté par l’OIT au Qatar à travers le « Fonds fiduciaire direct/domestique » (FFD), qui s’élève à 25 millions de dollars, est financé par… l’émirat lui même. Ce budget englobe le personnel, les coûts de fonctionnement, la formation, la recherche, les outils de communication. Pour un fonctionnaire en poste à Doha, il est délicat de contrôler un État qui indirectement le paye.
Le Qatar est loin d’être un cas unique : l’OIT a signé plus de 25 FFD, notamment avec le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite…