La communauté internationale aurait-elle décidé de se pencher, enfin, sur la situation au Liban, pays au bord de l’effondrement généralisé ? Une chronique du journaliste écrivain Michel TOUMA
Les Libanais veulent bien l’espérer à la lumière des concertations diplomatiques intensives entreprises au cours des derniers jours entre les Etats-Unis, la France et l’Arabie Saoudite: » « Nous constatons ensemble le drame, a déclaré Jean Yves Le Drian, à l’occasion d’un point de presse, que serait que (sic) le Liban se fissure, disparaisse. Nous avons décidé d’agir ensemble pour faire pression sur les responsables. On les connaît. »
Au centre de ces discussions : le risque sérieux d’effondrement total du Liban sous le poids d’une profonde crise socio-économico-financière, aggravée par une impasse politique due à l’incapacité des dirigeants libanais, depuis près de onze mois, à former un nouveau gouvernement. C’est dans ce contexte que s’est tenue à Rome, en marge de la conférence du groupe des 20 (G 20), une réunion de coordination entre le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, le chef du Quai d’Orsay, Jean-Yves Le Drian, et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhan.
L’Arabie Saoudite, le retour
Cette rencontre – qui s’inscrit dans le cadre de la nouvelle coopération entre Paris et Washington, notamment en ce qui concerne le dossier libanais – avait pour but d’amener l’Arabie Saoudite à effectuer un retour sur la scène libanaise en accordant une aide substantielle au Liban, tant politique qu’économique. Ryad refuse depuis plusieurs années de s’engager sur ce plan en raison de la mainmise opérée par le Hezbollah libanais pro-iranien sur le pays du Cèdre. Ce repli saoudien, dû aux attaques médiatiques répétées du parti chiite contre le royaume wahabite et son implication directe dans la guerre du Yémen, a aggravé encore davantage la crise dans laquelle se débat le Liban depuis près de deux ans.
Face à la dangereuse détérioration de la situation sur la scène libanaise sur tous les plans, politique, économique, social et financier, les Etats-Unis et la France ont décidé d’accorder leur violon, notamment en exerçant des pressions conjointes sur les dirigeants et les hauts responsables politiques libanais qui continuent depuis onze mois à entraver la formation d’un nouveau gouvernement. Cette coordination accrue américano-française au sujet du Liban a été l’un des principaux sujets discutés lors de l’entretien que Jean-Yves Le Drian et Antony Blinken ont eu samedi dernier à Paris. Parallèlement, le Secrétaire d’Etat a également évoqué la crise libanaise avec le pape François lors de sa visite à Rome à l’occasion de la réunion du G 20.