L’homme d’affaires ivoirien et ancien ministre Jean-Louis Billon estime que la lutte contre la cherté de la vie passe par la compétitivité des ports. Ce qui n’est pas le cas du port d’Abidjan qu’il qualifie de port le plus cher au monde.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
Même si elle n’est qu’une économie intermédiaire de la tranche inférieure, la Côte d’Ivoire peut au moins se targuer d’avoir le port le plus cher au monde. C’est, du moins, ce que l’on peut retenir du coup de gueule de l’homme d’affaires ivoirien, Jean-Louis Billon, qui déplore, sur les réseaux sociaux, ce triste record guiness qu’il considère comme étant le principal carburant qui provoque la cherté du coût de la vie dans son pays.
Bien sûr, en tant que cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et candidat déclaré à la présidentielle prévue dans 15 mois, Jean-Louis Billon est forcément un opposant au régime du président Ouattara qui aurait logiquement des raisons de noircir la gestion de celui-ci. Mais il est avant tout un homme d’affaires prospère qui trône à la tête d’un empire agro-industriel dénommé Société immobilière et financière de la côte africaine et la société immobilière de l’Indénié (SIFCA), qu’il a hérité de son père. Jean-Louis Billon a aussi été président de la chambre de commerce d’Abidjan, vice-président de la chambre régionale de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), puis de la conférence permanente des chambres consulaires francophones, avant d’apparaître, dès 2012, sous la chasuble de ministre du commerce, au début de la présidence d’Alassane Ouattara.
Jean-Louis Billon sait donc de quoi il parle en affirmant que « notre secteur portuaire est l’un des moins compétitifs de la sous-région et parmi les moins compétitifs du monde ». Il précise : « il est l’un des ports les plus chers au monde à cause des prix de déchargement, de l’entreposage et du transport entre autres ».
Depuis plusieurs décennies, la Côte d’Ivoire n’est plus tout à fait maîtresse de la gestion d’un certain nombre de ses infrastructures vitales. C’est le cas du 3è pont d’Abidjan et, spécifiquement du Port autonome d’Abidjan (PAA) qui a été concédé, au début de la présidence d’Henri Konan Bédié, au groupe français Bolloré. En février 2023, le groupe français Bolloré le cédait à son tour contre la coquette somme de 5,7 milliards à l’armateur italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC) en annonçant qu’il ne quittait pas le continent africain. On comprend donc que le coût des portiques et autres infrastructures hébergées par le port d’Abidjan ne dépend pas des autorités ivoiriennes et que cela puisse justifier, le cas échéant, les augmentations exponentielles des principaux produits de consommation en Côte d’Ivoire. Pour autant, la cherté de la vie a un visage pour M. Billon qui reproche surtout au gouvernement ivoirien de ne pas imiter le port de Singapour qui, lui, « a des centaines de portiques, tous en concurrence, ce qui encourage la baisse des prix de plusieurs produits. » En tout cas, « la lutte contre la vie chère passe aussi par ces solutions simples », insiste-t-il
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