Pour la quatrième année consécutive, le communicant Richard Attias organise du 28 au 30 août, à Libreville, le New York Forum Africa. Main dans la main avec le chef de l’Etat, Ali Bongo. Outre le Polonais Lech Walesa, l’ancien président ghanéen John Agyekum Kufuor, l’ex président colombien Andres Pastrana ou encore la Prix Nobel de la Paix du Liberia Leymah Gbowee, cet événement mondain, à vocation néanmoins économique, pourrait bien compter un invité de marque : le patron de Facebook, Mark Zuckerberg. Mais le conditionnel reste de mise… En effet, les organisateurs du Forum, dont le programme n’est volontairement pas affiché sur le site web de l’événement, craignent un coup d’éclat de la société civile gabonaise, en opposition frontale à Ali Bongo. Il faut dire que lors des précédentes éditions, les militants pro démocratie et bonne gouvernance étaient parvenus, à force de courriers et de campagnes sur les réseaux sociaux, à dissuader Nicolas Hulot, Jacques Attali, le cinéaste américain Spike Lee ou le coureur Usain Bolt de s’afficher aux côtés de Richard Attias et d’Ali Bongo. Si, dans Le Monde, Attias qualifie la société civile de « groupuscule de 30 personnes manipulées par Paris » (sic !) et affirme se battre pour que sa rencontre économique « ne soit pas récupérée dans les débats de politique intérieure entre l’opposition et le pouvoir », le son de cloche est évidemment différent du côté des Indignés gabonais.
Ils estiment que la vocation économique de ce Forum n’est qu’une façade et qu’il s’agit en réalité d’une vaste opération de communication destinée à redorer le blason d’Ali Bongo largement terni par une mauvaise gestion du pays. Ainsi, pour Marc Ona Essangui, secrétaire exécutif de l’Ong Brainforest et lauréat du prix Goldman pour l’environnement, Attias et Bongo veulent faire venir des investisseurs avec ce Forum mais, dans les faits, les sociétés implantées au Gabon licencient à tour de bras. « Rien que dans le secteur pétrolier, depuis décembre 2014, 600 emplois ont été détruits. Par ailleurs, Attias avait annoncé la création d’une marina financée par le Gabon, ce qui aurait pu créer des emplois, mais le projet est stoppé et les Gabonais négocient maintenant la cession de la concession à des Chinois. Sans parler des 40 % de jeunes au chômage et de la quarantaine de milliards de francs CFA que l’Etat doit à des PME gabonaises asphixiées » énumère Marc Ona. Il faut savoir que, selon la société civile gabonaise, le Forum de Richard Attias est financé par de l’argent public, donc par les contribuables gabonais. Le communicant se garde de dévoiler son budget mais le gouvernement gabonais a, lui, déclaré, que l’événement coûtait 5 millions de dollars à l’Etat. Et rapporte combien au pays ?
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