Le tortionnaire gambien Ousman Sonko jugé en Suisse

Ousman Sonko, ministre de l’Intérieur gambien de 2006 à 2016, sera jugé par le Tribunal pénal fédéral suisse en janvier 2024 pour crimes contre l’humanité.    

Le 8 janvier prochain à Bellinzone, dans le canton suisse du Tessin, s’ouvre le procès d’Ousman Sonko, 54 ans, ancien inspecteur général de la police gambienne et ancien ministre de l’Intérieur sous la dictature de Yahya Jammeh. Selon l’ONG suisse Trial International, qui lutte contre l’impunité des crimes internationaux, « jamais en Europe un aussi haut responsable n’a encore été jugé en application du principe de compétence internationale ».

L’ex ministre est accusé de meurtres (notamment de journalistes, d’un homme politique et d’un avocat), d’actes de torture, de séquestration, de violences sexuelles. Dix victimes sont parties plaignantes dans ce dossier.  

L’arrestation à Berne       

Ousman Sonko est présenté comme l’un des principaux hommes de main de Yahya Jammeh, au pouvoir en Gambie de juillet 1994 à janvier 2017, durant lequel il a fait régner un régime de terreur. Mais la situation se détériore brutalement pour Ousman Sonko en septembre 2016 lorsqu’il est démis de ses fonctions de ministre de l’Intérieur. Il quitte précipitamment la Gambie, d’abord pour la Suède, puis pour la Suisse. Le 25 janvier 2017, Trial International dépose une dénonciation pénale à son encontre. Il est aussitôt arrêté à Berne. La Suisse demande alors l’entraide judiciaire internationale à la Gambie et des magistrats s’y déplacent pour enquêter.   

 

L’Assemblée nationale gambienne a adopté en décembre 2017 la loi sur la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations. Dans son rapport final Ousman Sonko apparaît « comme l’un des principaux responsables des violations des droits humains. L’ancien ministre de l’Intérieur gambien est actuellement en détention. Son procès, qui débute le 8 janvier, durera jusqu’au 30 janvier. Quant à Yahya Jammeh, contraint de quitter la Gambie en janvier 2017 sous la pression internationale, il s’est réfugié en Guinée Équatoriale, où il réside toujours.