Le patron de la « Sûreté générale », fierf du Hezbollah, en difficulté

C’est un nouveau casse-tête que tente de résoudre la classe politique, incapable de s’entendre sur le plus simple des actes administratifs ou législatifs. C’est le cas notamment pour ce qui est de la prorogation ou non du mandat du directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui expire début mars prochain.

                                        La Sureté générale, fief de l’anti terrorisme

Les responsables du Hezbollah ont très tôt compris tout le profit qu’ils pourraient tirer de la maitrise des aéroports, des ports et des frontières. Or c’est le service de « la Sureté générale » qui gère les grandes infrastructures libanaises. Longtemps il a été dirigé par un chrétien maronite avant de passer sous la coupe du Hezbollah. En 1998, le président Emile Lahoud nomme en effet le général Jamel Sayyed, proche à la fois du régime Syrien et du Hezbollah, qui occupera. « Au nom de la lutte contre le terrorisme, explique un député libanais, la sureté générale peut se mêler d’à peu près de tout ». Fort de 3000 hommes, ce service en roue libre est susceptible à la fois de mettre les politiques sur écoute, de mobiliser des forces spéciales, de lancer des enquêtes judiciaires ou d’infiltrer des associations ou des ONG.
Depuis une douzaine d’années, le général Ibrahim Abbas, courroie de transmission du Hezbollah, est le patron tout puissant de la Sureté générale.
– « Que pensez-vous, a demandé l’AFP au général Ibrahim Abbas,, de sa qualification d’«homme du Hezbollah»?
– « Cela ne me dérange absolument pas», a-t-il répondu.
Médiateur entre les barons de la politique au Liban, libérateur d’otages en Syrie, interlocuteur des services étrangers à Washington et à Paris, ce gradé entretient des relations excellentes avec le patron de la DGSE française, Bernard Emié. « Il faut bien préserver des passerelles avec le mouvement pro iranoien, explique un gradé de l’armée, c’est la France qui joue ce rôle d’interlocuteur du mouvement chiite, en accord avec le reste du monde et en oubliant les enlèvements d’otages français des années 1980 », explique l’expert « Sécurité » d’un des principaux partis politiques libanais.
Le contrôle de l’aéroport de Beyrouth est partagé par le Hezbollah et certains fonctionnaires nommés par ses alliés politiques, le mouvement chiite Amal et le Courant Patriotique Libre (CPL. Ainsi le directeur des douanes Badri Daher, un proche du CPL, est actuellement incarcéré dans le cadre de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020 où le Hezbollah est mis en cause pour ne pas avoir fait preuve de suffisamment de vigilance sur les tonnes de nitrate conservées dans les hangars.
Pour autant, la Sureté générale a montré un talent indéniable pour lutter contre l’État Islamique, dont l’influence a été miraculeusement limitée au Liban malgré la proximité de la Syrie. Issu de la communauté chiite, le patron libanais de la lutte anti-terroriste n’a jamais montré la moindre indulgence pour combattre les sunnites qui avaient rejoint les rangs de l’État Islamique.