Les liens entre les deux pays s’étaient brutalement tendus avec l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi en 2013. Le rapprochement entre les deux pays s’inscrit dans le contexte d’une recomposition régionale totale. On voit en effet le président turc Erdogan tendre la main aux adversaires d’hier, Séoudiens et Égyptiens, alors que le prince héritier MBS s’éloigne du maréchal Sissi,son fidèle allié
C’est la fin d’une décennie d’éloignement entre les deux pays, brouillés depuis l’arrivée au pouvoir du dirigeant égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Ankara et Le Caire pourraient prochainement normaliser leurs relations diplomatiques. C’est en tout cas ce qu’inaugure la visite du ministre turc des Affaires étrangères à son homologue égyptien, même si la prochaine étape, la rencontre officielle entre les présidents des deux pays, n’est pour le moment envisagée qu’après les élections générales turques, prévues le 14 mai.
L’axe Séoudiens/Égyptiens
Durant la dernière décennie, l’Arabie saoudite avait vu dans le maréchal Sissi un allié fidèle sans son combat contre les Frères Musulmans et un bras répressif du Royaume en Libye. Cette croisade anti frère musulman a un coût dont le parrain saoudien assumait le financement. Sous le couvert d’aide à l’économie égyptienne, une aide d’urgence est octroyée à Sissi de l’ordre de cinq milliards en juillet 2013, une semaine après le coup d’État. i
Le 7 avril 2016, en marge de la visite du Roi Salman Ben Abdelaziz au Caire, un plan de financement à hauteur de 21,5 milliards est signé. Il englobe des investissements dans des projets économiques mais aussi dans la lutte contre le terrorisme. En dépit d’injections des sommes colossales, l’économie égyptienne reste un gouffre dont la dette est passée de 92,64% en juin 2018 à 158 milliards en août 2022.
Le valeureux nationaliste Maréchal Sissi n’avait de choix que de brader deux iles égyptiennes sur la mer rouge à l’Arabie saoudite. Une manière pour le prince héritier MBS d’avoir des frontières maritimes avec Israël dans un futur projet de normalisation.
Virages diplomatiques
La guerre Russo-Ukrainienne bouscule l’ordre des alliances établies dans la région. Après plus d’une décennie de rivalité régionale, et de tension géopolitique, le jeune prince saoudien, aux ambitions démesurées change son fusil d’épaule. L’alliance avec le maréchal Sissi est remise en cause.
Le chef d’état égyptien est devenu pour MBS un boulet plus qu’un atout. Affaibli sur le plan régional, en Libye comme au Soudan, et confronté à une crise économique et sociale profonde, le président Egyptien voit le rapprochement entre MBS-Erdogan une menace existentielle, le début de la fin de son régime.
Le 7 avril 2022, la justice turque a décédé de clore le procès de l’assassinat du journaliste Saoudien Jamal Kashoggi et renvoyé l’encombrant dossier à Ryad. Le rapprochement entre la Turquie et l’Arabie saoudite est réel. Fin avril 2022, Erdogan se rend au royaume. Deux mois plus tard, MBS effectue une visite à Ankara.
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