Niger, l’ancien chef de l’armée pro français nommé à Moscou

En chômage technique au Niger depuis le coup d’état qui a renversé, le 26 juillet 2023, l’ex président Mohamed Bazoum, le général Abdou Issa Sidikou vient d’être nommé ambassadeur du Niger à Moscou. Une façon d’exfiltrer cet ami de la France en l’envoyant chez les principaux adversaires de Paris 

En avril 2023 et alors que le Président Bazoum était encore aux commandes, le général Sidikou, qui passait pour un proche du chef de l’état, avait remplacé Salifou Mody. Lequel, depuis le coup d’état de juillet 2023, a été nommé numéro 2 du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et a retrouvé ses fonctions à la tête des forces armées nigériennes (FAN). La roue tourne à Niamey où l’armée est en proie à de sérieuses fractures.

En résidence (diplomatique) surveillée

Le choix de Moscou pour exiler l’ancien chef de l’armée n’est pas dénué de tout calcul. En pleine montée en puissance de la coopération  avec la Russie, le général Sidikou, qui n’a pas participé au coup d’Etat du 26 juillet, sera fatalement sous très haute surveillance à Moscou.

Pour les tenants du pouvoir actuel à Niamey, son éloignement à Niamey est une épine en moins. Issu de la cavalerie blindée, le général Sidikou a été formé à Saint-Cyr en France où il a fait son stage d’application. Outre son appartenance au pouvoir renversé de l’ex président Bazoum, l’ancien chef de l’armée est jugé trp proche de la France qui n’est plus l’alliée d’hier. Une raison supplémentaire pour l’éloigner du Niger. 

Le contexte actuel est marqué au sommet de l’État par la peur d’une déstabilisation venue de l’étranger.

 

 

Mali

 

L’opposition à Goïta se radicalise

Après plusieurs tentatives d’exister à l’intérieur du pays, les forces politiques et les acteurs de la société civile opposés à la transition malienne dirigée par le colonel Assismi Goïta ont décidé de mettre en place un gouvernement et un parlement en exil.

Premières nominations

Regroupés dans un cadre dénommé « Transition civile en exil », les opposants aux colonels au pouvoir à Bamako ont nommé le Touareg  Mohamed Ag Ahmedou, réfugié en France, « Secrétaire général du gouvernement ». Une autre personnalité de la diaspora malienne, Adaman Touré a, pour sa part, été désigné président de « l’Assemblée citoyenne du Mali », présentée comme « unique organe législatif honorable en République du Mali ». Pour éviter toute velléité de contestation intérieure, la junte malienne a dissout tous les partis politiques et organisé début mai 2024 un dialogue national auquel seuls ses partisans ont été conviés.

L’imam Dicko contraint à l’exil

Fer de lance de la contestation contre le régime du président Ibrahim Boubacar Keita, renversé en 2020, l’imam Mahmoud Dicko, qui est devenu l’ennemi numéro 1 de la junte, vit désormais en exil entre le Nigeria, l’Algérie et les pays du Golfe. Signe du bras de fer entre l’imam et les colonels, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Dicko (CMAS) a été dissoute en Conseil des ministres le 6 mars 2024. En réaction à la mise en place des organes d’opposition en exil, la junte malienne a annoncé que des poursuites judiciaires seront engagées contre tous ceux qui accepteront d’y siéger. Déjà très mauvaises, les relations entre les colonels de Bamako et Paris pourraient encore se dégrader, Paris étant devenu le siège des structures d’opposition en exil.