Assassinats, enlèvements contre rançons, pillage de villages : cette zone du sud du Niger, proche du Nigeria, est en proie à un banditisme croissant
En une semaine, cinq attaques de bandits armés ont semé la terreur dans deux départements nigériens de la région de Maradi frontaliers du Nigeria. La première de ces agressions d’un genre nouveau a eu lieu dans la commune de Safo, dans le département de Madarounfa, où un groupe de bandits a enlevé trois femmes allaitantes et du bétail. La dernière a été enregistrée le 16 janvier, dans le village de Bassira au coeur du département de Guidan Roumji : près de 200 têtes de bétail ont été emportées et le fils du chef tué alors qu’il essayait d’appeler les forces de sécurité.
L’armée nigérienne, déjà soumise à une forte pression sur ses frontières est et ouest, où elle se bat contre Boko Haram et l’Etat islamique, a annoncé s’être déployée dans la zone.
La région comptabilise déjà 23 000 réfugiés arrivés du Nigeria en mai dernier pour fuir la criminalité. Selon le journal Le Souffle de Maradi, les auteurs de ces crimes sont des bandits venus des Etats fédérés de Sokoto et Zamfara. Citant le chef du village de Bassira, le journal estime que la psychose est en train de s’installer. « Ma population a fui déjà vers Dan Kano. Je serai obligé de la suivre », a dit le chef. Dan Kano dispose en effet d’un détachement militaire.
Mais le phénomène de banditisme, très ancien dans la région, atteint désormais une ampleur jamais vue dans les 6 Etats du nord-ouest du Nigeria, en proie à des bandes armées pouvant compter des centaines de membres. Le Nigeria semble dépassé, malgré des ripostes pouvant prendre la forme de bombardements aériens ou, parfois, de négociations avec les groupes, qui s’en prennent alors à l’Etat voisin.
8000 morts et 200 000 déplacés
Dans un rapport sur le sujet publié en mai dernier, International Crisis Group évalue le nombre de victimes à plus de 8000 morts et 200 000 déplacés, dans le cadre d’un conflit meurtrier qui implique « de nombreuses organisations armées – groupes alliés aux éleveurs, comités de vigilance, bandes criminelles et jihadistes. » Selon ICG, cette violence est liée à « la compétition sur les ressources, principalement entre éleveurs peul et agriculteurs majoritairement haoussa », et à des flux transfrontaliers croissants d’armes.