Mondafrique révèle la rencontre entre l’ancien ministre français, Thierry Mariani, député européen et membre de la Commission des Affaires étrangères, et l’ancien Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, le 16 octobre à Bruxelles.
Thierry Mariani a rencontré Guillaume Soro, vendredi 16 octobre à Bruxelles. Le rendez-vous a eu lieu vers 10 heures au café « Le Tout Bon », rue du Luxembourg, non loin du parlement européen, où aucun visiteur n’est actuellement autorisé à rentrer à cause de la crise liée à la Covid-19.
L’ancien Premier ministre ivoirien a sollicité un entretien auprès du député européen du Rassemblement national (RN), par ailleurs membre de la Commission des Affaires étrangères, afin d’évoquer la situation politique en Côte d’Ivoire, où le premier tour de l’élection présidentielle doit se tenir le 31 octobre.
Le député, ancien ministre sous Nicolas Sarkozy, avait plusieurs fois dénoncé sur Twitter le « silence complice » de l’Union européenne (UE) et de la France, face à la décision du président ivoirien Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat, alors que la constitution n’en autorise que deux.
« Alassane Ouattara bénéficie d’une immunité »
« Nous avons fait le tour de la situation politique », explique-t-il à Mondafrique. « L’UE avait pris des sanctions contre Laurent Désiré Kabila [ancien président de la RD Congo, ndlr], contre l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, mais aucune contre Alassane Ouattara. Nous avons là un double standard », confie-t-il.
Et d’ajouter : « L’Europe et la France ferment les yeux, car Ouattara bénéficie d’une sorte d’immunité, parce qu’il fait partie [des élites mondialisées], comme [le président français] Emmanuel Macron », faisant référence à la carrière du président ivoirien au sein du Fond monétaire international (FMI), où il fût directeur du département Afrique, de 1984 à 1988.
Appel à la désobéissance civile
De son côté, Guillaume Soro, exilé en France et dont la candidature à l’élection présidentielle a été retoquée par le Conseil constitutionnel, s’est dit convaincu que les élections du 31 octobre n’auront pas lieu. En Côte d’Ivoire, où la campagne électorale a officiellement débuté le 15 octobre, l’opposition dit ne pas se sentir « concernée » par le processus électoral en cours, et a appelé à la « désobéissance civile », invitant notamment ses partisans à ne pas retirer leur carte d’électeur.
Ce week-end, des violences ont fait au moins deux morts à Bongouanou (à 200 km au nord d’Abidjan), dans le fief de Pascal Affi N’Guessan, l’un des trois opposants dont la candidature a été validée. Des heurts ont déjà eu lieu en juillet et en août, après l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara, faisant plus d’une dizaine de morts.
Thierry Mariani, qui a quitté Les Républicains pour rejoindre le parti de Marine Le Pen en 2019, indique avoir également sollicité un entretien avec Laurent Gbagbo. Ce dernier est exilé à Bruxelles après avoir été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) de la Haye. Il y avait été extradé après la crise post-électorale de 2010/2011 qui avait fait 3000 morts. Sa candidature au scrutin du 31 octobre a aussi été invalidée par le Conseil constitutionnel.