Accusé « d’atteinte à la sureté de l’Etat » et déchu de son titre de député, l’ancien Président de l’Assemblée Nationale Karim Meckassoua exfiltré de République Centrafricaine.
Un article de Thierry Simbi
Karim Meckasssoua était soupçonné d’avoir joué un rôle majeur dans la rebellion dite « Coalition des Patriotes pour le Changement » (CPC), une alliance hétéroclite entre les groupes armés de l’ex-Seleka et antibalakas à laquelle l’ancien président François Bozizé s’est associé qui a manqué de prendre le pouvoir par la force en janvier 2021. Accusé « d’atteinte à la sureté de l’Etat », privé de son titre de député par la cour Constitutionnelle, Meckassoua vient tout juste de quitter son pays…
À la fin du mois de mars 2021, Meckassoua s’était vu notifier une interdiction de sortie du territoire national et une demande de levée d’immunité parlementaire avait été entamée à son encontre à l’initiative de l’exécutif centrafricain.
Rumeurs de coup d’état
Candidat à sa réélection aux élections législatives dans sa circonscription du 3e arrondissement de Bangui, Karim Meckassoua s’était retrouvé en ballotage face à son concurrent Ibrahim Al Hissen Algoni soutenu par le parti présidentiel Mouvement Cœurs Unis (MCU). Proclamé vainqueur en mai 2021, une requête en annulation a été déposée le 14 juillet 2021 par son adversaire, après les accusations portées par le Groupe d’experts sur la RCA du Conseil de Sécurité de l’ONU dans leur dernière lettre datée du 25 juin 2021.
Le groupe d’experts y soulignait les éléments suivants : « Au début de l’année 2020, des membres et des individus associés à l’ex-Séléka avaient confirmé́ au Groupe d’experts que Meckassoua poussait les groupes armés et l’entourage de François Bozizé́ à lancer une action militaire pour destituer le Président. Plus récemment, des membres du MPC et du FPRC ainsi que certains acteurs politiques ont expliqué́ que Meckassoua avait participé́ à la préparation de la tentative de coup d’État du 13 janvier, en coordination avec Bozizé́ et son entourage, ainsi que Nourredine Adam, Ali Darassa et plusieurs généraux du MPC. Selon ces témoignages concordants et crédibles, Meckassoua espérait diriger un gouvernement de transition si le coup d’État de la CPC aboutissait. »
C’est sur base de ces éléments que la Cour Constitutionnelle a décidé le 12 Août 2021 de déchoir Karim Meckassoua de son titre de député déclarant son challenger nouveau député de la deuxième circonscription du troisième arrondissement de Bangui.
Ne pouvant plus se prévaloir de son immunité parlementaire, Karim Meckassoua a ensuite été convoqué le lundi 16 août 2021 au Tribunal de Grande Instance de Bangui pour répondre aux accusations « d’atteinte à la sureté de l’Etat » dont il est l’objet. Finalement, Meckassoua a selon nos informations été exfiltré vers Brazzaville le même jour pour éviter d’être arrêté et placé sous mandat de dépôt dans le cadre de la procédure pénale dont il est l’objet…
Rappeleons que Karim Meckassoua fut élu Président de l’Assemblée Nationale en Mai 2016 avant d’être destitué par ses pairs le 26 octobre 2018 rentrant depuis dans une logique d’opposition frontale au régime Touadéra.