Le Conseil français du culte musulman (CFCM), qui se veut depuis sa création par Nicolas Sarkozy, alors Président de la République, « représentatif » de « l’Islam de France » est juste une coquille vide.
Au cours de la réunion des représentants de l’Islam de France qui s’est tenue le 19 novembre, maitre Chemseddine Hafiz, le protégé de l’ex DRS (services algériens) qui rêve depuis des lustres d’une promotion à la tète de la Mosquée de Paris ou du CFCM, ne s’est guère montré très rassembleur. On a entendu ce notable de l’Islam de France multiplier les violences verbales à l’encontre de Hassani Fassassi, le délégué de la FAIACA qui représente « l’Islam africain ». Lequel a envoyé des centaines de mails en informant ses contacts des inconduites de cet avocat agressif.
La nervosité de maitre Hafiz s’explique par l’effondrement, lors des élections du CFCM, des listes de la Grande Mosquée de Paris, dont il s’est toujours voulu l’allié, en même temps que celles de l’ex-UOIF, cette fédération qui regroupe des musulmans conservateurs. Ce double échec met fin à ses rêves et est venu signer la perte de la maigre crédibilité que le CFCM possédait encore auprès de l’opinion musulmane.
« L’Islam politique » diabolisé
Les musulmans de France reprochent en effet au CFCM son absence à la grande manifestation organisée le 9 novembre, pour condamner l’agression contre la mosquée de Bayonne. Il lui est reproché ses silences face aux procès d’intention qui ont suivi ce rassemblement, alimentés par les disciples d’Eric Zemmour, les admirateurs d’Alain Finkielkrault et les lecteurs de l’islamologue Gilles Kepel. Les manifestations contre l’islamophobie, entend-on sur tous les tons, seraient organisées par les tenants de « l’Islam politique ».
La pétition anti-Zemmour, lancée par Hafiz et son ami Mohamed Sifaoui, un essayiste connu pour sa violence anti islamiste et ses approximations, a permis aux deux compères de surfer sur un anti racisme de circonstance. Ainsi Sifaoui a pu être proposé pour intervenir au cycle sur la « radicalisation » organisé par la prestigieuse Sorbonne.
La « qualité » de la relation Hafiz-Sifaoui doit beaucoup à leur ancien « parrain », le colonel Ali Bendaoud, qui représentait les services algériens à Paris de 1999 à 2009 et qui surveillait « l’Islam algérien » en France.
Les réseaux berbéristes à l’oeuvre
L’ébruitement de cette proximité qui a été l’origine de la mobilisation contre la nominations de Sifaoui dans une prestigieuse université française. Il existe heureusement des universitaires jaloux de l’autonomie de la recherche et opposés à l’hégémonie de la science politique sécuritaire a l’université.
On sait aussi que Hafiz avait repris contact avec Sifaoui pour le mettre à contribution dans la radicalisation du « Hirak », le mouvement populaire algérien. Les deux hommes ont tenté d’impliquer dans les manifestations de rue tous les sous-courants du mouvement berbériste qu’ils auraient mis en contact avec les séparatistes du Mouvement indépendantiste de Ferhat Mehenni. La radicalisation du Hirak sert depuis des mois à venger l’arrestation des représentants de « la Issaba », cette » bande » qui autour de Saïd Boutéflika militait pour un désastreux cinquième mandat.
Quant à Sifaoui, il était déjà attristé par les limogeages de ses deux principaux protecteurs, le colonel Bendaoud en juillet 2015, le général Toufik, patron de l’ex DRS, en septembre de la même année. L’arrestation du patron de ce dernier, cet été, lui cause depuis une déprime chronique qui explique ses saillies sur les plateaux de télévision.
Un rappel à l’ordre
La nervosité de Hafiz s’explique aussi par la perte de ses protections à Alger et la crainte des investigations sur les multiples emplois d’avocat forfaitaire qu’il doit à la complaisance du clan Bouteflika. Pour autant, il fait preuve ces derniers temps d’une touchante humilité, comme l’a montré sa proposition de compromis avec Ghaleb Bencheikh, cet intellectuel de qualité qui a porté plainte contre lui pour l’avoir écarté de la présentation de l’émission islamique « Vivre l’Islam »
C’est que Maitre Hafiz est rentré d’un difficile séjour à Alger, où il avait été convoqué pour s’expliquer pour son rôle passé et présent dans l’Islam de France. Apparemment ses protecteurs ne sont plus au pouvoir et les entretiens ont été houleux. Maitre Hafiz s’est, depuis son retour d’Algérie, un peu calmé.