À l’issue de son sommet extraordinaire organisé en visioconférence, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a maintenu la suspension de la Guinée de ses rangs suite au coup d’Etat qui a renversé le 5 septembre 2021 le président Alpha Condé.
Plus surprenant encore, la CEDEAO a décidé de prendre « des sanctions ciblées impliquant l’interdiction de voyage des membres du Comité national de rassemblement et développement (CNRD) ainsi des membres de leur famille et le gel de leurs avoirs financiers », tout en exigeant la tenue d’élections législatives et la présidentielle dans un délai de six mois.
Deux poids, deux mesures
L’organisation sous-régionale, qui souhaite faire endosser ses décisions par l’Union africaine et les Nations unies, n’avait pas soufflé un seul mot quand Alpha Condé s’était lancé dans son entreprise de modification de la Constitution pour s’octroyer un troisième mandat. Pourtant, au moins une quarantaine de Guinéens ont été tués en tentant de s’opposer au troisième mandat. Entre décembre 2020 et juin 2021, au moins 4 opposants guinéens sont morts en détention, faute de soins, et dans l’indifférence totale de la CEDEAO.
En décidant de sanctionner la junte et de se faire l’avocat d’Alpha Condé, l’organisation sous-régionale se met à dos le peuple guinéen qui a largement célébré la chute d’Alpha Condé. Avec les décisions prises lors du sommet extraordinaire sur la Guinée, on est vraiment loin de la CEDEAO des peuples mais sans doute plus proche d’un syndicat de chefs d’Etat apeurés par les risques de contagion « kaki » dans la sous-région ouest-africaine.