Gabon, les tortionnaires de Sylvia Bongo devant la justice française 

Un juge parisien appartenant au parquet spécialisé dans la lutte contre les crimes contre l’humanité a été désigné pour enquêter sur les tortures infligées à Sylvia Bongo et à son fils Noureddin Bongo depuis le renversement d’Ali Bongo par l’armée gabonaise le 30 août 2023.

Le doyen des juges d’instruction du tribunal judiciaire de Paris a nommé un magistrat du pôle Crimes contre l’humanité pour enquêter sur les tortures subies par Sylvia Bongo et son fils Noureddin Bongo, arrêtés les 29 et 30 août 2023 au Gabon.

Cette information a été communiquée par les avocats de Sylvia Bongo lors d’une conférence de presse tenue le jeudi 9 janvier 2025.

Tortures et extorsions

Depuis leur arrestation – qui s’apparente davantage à une séquestration qu’à autre chose – Sylvia et Noureddin Bongo ont été soumis à diverses formes de torture. Battue à plusieurs reprises, Sylvia Bongo a également été étranglée à plusieurs occasions. Noureddin Bongo, quant à lui, a été battu, électrocuté et contraint, sous la menace de tortures plus sévères, à se battre avec d’autres prisonniers à l’aide de bâtons.

Outre le sadisme des tortionnaires, les actes de torture et les traitements inhumains infligés à Sylvia et Noureddin Bongo avaient également des motivations mercantiles. Ainsi, sous la torture, ils ont été contraints d’effectuer des virements bancaires au profit de tiers, dont certains proches du nouveau maître du Gabon, Brice Oligui Nguema.

Vent de panique

La désignation d’un magistrat pour enquêter sur ces tortures provoque un vent de panique au Gabon parmi les auteurs présumés des sévices, au nombre de huit, dont plusieurs membres de la Garde républicaine. Trois d’entre eux, officiers supérieurs, sont particulièrement proches de Brice Oligui Nguema. L’un d’eux, un colonel, est une figure clé du dispositif de sécurité du « général-président » et agit comme son garde du corps principal. Cet homme, probablement la deuxième personne la plus puissante du Gabon après Brice Oligui Nguema, serait furieux. Il envisagerait désormais d’éviter l’espace Schengen et les pays occidentaux, lui qui apprécie les luxueux hôtels parisiens. Un autre colonel, qui a été un collaborateur étroit de Brice Oligui Nguema lorsqu’il était commandant en chef de la Garde Républicaine du Gabon, lui aussi s’inquiète pour son avenir judiciaire.

Mais ceux chez qui l’inquiétude est la plus grande sont sans doute des civils visés par cette plainte donc par des poursuites judiciaires. Ainsi des civils très proches de Brice Clotaire Oligui Nguema impliqués dans le processus d’extorsion sont également visés par la plainte à Paris ainsi que des avocats de l’Etat Gabonais à qui Sylvia et Noureddin ont été contraints de signer des pouvoirs sur leurs biens.

Brice Oligui Nguema pas si inquiet

Les révélations par Mondafrique sur la destination des biens extorqués à la famille d’Ali Bongo a embarrassé Brice Oligui Nguema, d’autant que plusieurs militaires se plaignent de ne pas avoir été associés au partage des biens extorqués à la famille d’Ali Bongo hors de tout cadre légal bien entendu. Pour apaiser ces tensions, il leur aurait promis une meilleure répartition lors des prochaines extorsions, notamment en visant encore l’épouse et le fils aîné d’Ali Bongo, qu’il continue de traiter davantage comme des captifs que comme de véritables prisonniers.

Pour l’heure, la procédure judiciaire engagée en France semble peu inquiéter Brice Oligui Nguema. Le président de la transition est davantage préoccupé par son projet de se faire « élire » dans une élection dont le résultat semble joué d’avance puisque  sans garantie de transparence. Prudent, Brice Oligui Nguema a écarté son principal adversaire, Albert Ondo Ossa, en invoquant une « limite d’âge ».

Homme pressé, Brice Oligui Nguema aimerait que l’élection présidentielle se tienne avant le mois d’août, bien que cette échéance soit en porte à faux avec  le calendrier de transition qu’il a lui-même fixé…

Gabon, Sylvia et Noureddin Bongo maltraités par Oligui Nguema