Dans un Gabon très peu touché par le coronavirus, les autorités ont décidé d’adopter pourtant la plupart des mesures décidées en France. Au prix de révoltes contre l’organisation de bons d’achat alimentaires, comme l’explique le journaliste Déogracias Arambo, le 20 avril sur Gabon Review, après avoir enquêté dans la région de Ntoum
La colère est montée d’un cran à Essassa. Irrités par la mauvaise organisation de l’opération de distribution des bons d’achat alimentaire, les habitants de ce quartier de la commune de Ntoum ont durci leur mouvement de contestation.
Ce 20 avril 2020, les manifestants ont à nouveau perturbé un trafic routier déjà en berne depuis le confinement du «Grand Libreville», en érigeant des barricades sur la route nationale 1. Une manifestation qui intervient après celle d’il y a trois jours, et par laquelle la population courroucée avait dénoncé l’insuffisance de bons d’achat alimentaire qui leur étaient octroyés par le département ministériel en charge des Solidarités nationales.
A ce qu’il semble, leur menace de durcir le mouvement si rien n’était fait dans le sens d’améliorer l’opération n’aurait pas été pris au sérieux. Cette fois, selon un manifestant, «ils ont voulu faire du porte-à-porte en ciblant des personnes moins regardantes». Et un autre d’ajouter : «ils s’obstinent à ne pas tenir compte des listes ouvertes par les chefs des quartiers».
Le feu aux poudres
En fin de semaine dernière, l’ire de la population est venue de ce que les missionnaires du ministère des Solidarités nationales n’auraient réservé qu’une vingtaine de bons pour Bissobinam, l’autre partie d’Essassa où vivent plus de 500 personnes. Ils seraient arrivés avec moins de 100 bons pour les deux parties du quartier, c’est-à-dire en comptant Essassa-Nzogmitang.
Et comme c’est toujours le cas en pareille circonstance, les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser, à coups de gaz lacrymogènes, des manifestants tétanisés par la faim depuis le début du confinement. Une jeune fille, a-t-on appris, aurait été touchée au niveau d’un membre inférieur par un des objets lancés par les agents. Si cette intervention musclée a permis de rétablir la circulation, elle ne va probablement pas ramener les manifestants. Car, disent-ils, «un ventre affamé n’a point d’oreilles».
Ventre affamé n’a pas d’oreilles
Bien d’observateurs pensent que le gouvernement a sous-estimé le volume de l’aide alimentaire promise aux habitants concernés par l’interdiction de circuler, dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Covid-19 qui n’avait qu’un mort au Gabon depuis le 12 mars dernier. Des acteurs politiques, à l’instar de Dieudonné Minlama, le président d’Ensemble pour la République (EPR), ayant évoqué «les dysfonctionnements et les retards dans la mise en œuvre des mesures annoncées par le chef de l’Etat».