Le commandant en chef de l’armée Joseph Aoun a été reçu par Emmanuel Macron à l’Elysée pour discuter de l’aide française à la troupe. C’est une première qu’un patron des militaires libanais soit reçu officiellement et en tète à tète par le Président français
La profonde crise socioéconomique et financière dans laquelle se débat le Liban depuis plus d’un an et demi frappe désormais de plein fouet l’armée libanaise – en plus des forces de police et de l’appareil sécuritaire de l’Etat. Et pour cause : la forte dépréciation de la livre libanaise, qui a perdu près de 90 pour cent de sa valeur, a accru dangereusement la précarité de la situation des officiers et des militaires.
Cette situation constitue un réel danger pour la survie et la cohésion de la troupe. De nombreux départs ont été enregistrés. Au point que le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, a effectué au début de la semaine une visite de travail en France où il a eu une série d’entretiens portant sur les besoins urgents de son armée dans le contexte actuel. Le général Aoun s’est notamment entretenu avec la ministre française des Armées, Florence Parly, et son homologue français, le général François Lecointre.
Mercredi, 26 mai, le général Aoun a été reçu à l’Elysée par le président Emmanuel Macron. Il s’agit là d’une première, aucun commandant de l’armée au Liban n’ayant été reçu par un président français à l’Elysée.
L’armée libanaise, pilier de la stabilité
Au-delà de la portée et de l’aspect symbolique de la réunion du président Macron avec le général Aoun, cette entrevue met en relief la détermination de la France à fournir toute l’aide nécessaire à l’armée libanaise, perçue par l’Elysée comme la pierre angulaire de la préservation de la stabilité au Liban.
Cette aide, accordée directement à l’armée sans passer par le pouvoir politique, est d’autant plus significative que les autorités françaises ont changé radicalement leur position concernant la crise libanaise, en ce sens qu’elles ont exprimé explicitement leur désaveu public des responsables officiels libanais, accusés ouvertement de faire obstruction à la formation d’un nouveau gouvernement comme premier pas vers une sortie de crise.
Conséquence de cette exacerbation manifestée par les autorités françaises à cet égard, Paris a pratiquement rompu ses contacts avec les responsables politiques à Beyrouth. L’accueil particulièrement chaleureux réservé au général Joseph Aoun est un message clair de ce contournement des autorités civiles.
Dans ce cadre, l’Elysée pourrait organiser en juin la tenue d’une conférence internationale pour organiser et coordonner l’aide à l’armée. Les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l’Italie, et peut-être le Canada pourraient participer à cette conférence. Une réunion internationale s’était déjà tenue en mars 2018 à Rome pour planifier un soutien à l’armée libanaise.
L’aide américaine
Parallèlement aux démarches françaises sur ce plan, le Pentagone a de son côté annoncé une aide de 120 millions de dollars à la troupe, en indiquant par ailleurs qu’une « aide importante » est également prévue d’ici la fin de l’année.
Les Etats-Unis apportent depuis plusieurs années aux forces légales libanaises une aide substantielle en équipement et en encadrement, et le général Joseph Aoun entretient des rapports réguliers et étroits avec l’administration américaine.