Cela fait désormais près de cinq mois que le député d’opposition Dominique Yandocka, élu de la première circonscription du quatrième arrondissement de Bangui est détenu à la prison militaire du camp de Roux à Bangui.
Accusé de « complot et tentative de coup d’État », Dominique Yandocka avait été arrêté le 15 décembre 2023 à 4 heures du matin à son domicile banguissois et placé en détention, malgré son immunité parlementaire.
Tandis que le parquet centrafricain justifiait sa détention en dépit de son immunité par le fait que le député ait été pris en « flagrant délit », ses avocats maîtres Bruno Gbiegba et Nicolas Tiangaye dénoncent eux une procédure pénale irrégulière. Ils rappellent que le caractère de « flagrance » n’a jamais été démontré par « aucune pièce ni preuve » et que l’immunité parlementaire n’a de fait jamais été levée… Ils réclament sa remise en liberté pendant que l’enquête judiciaire aille à son terme, invoquant par ailleurs la détérioration de la santé de Dominique Yandocka.
L’opposition harcelée
Cette arrestation s’inscrit dans un contexte de harcèlement et d’intermédiation constant des membres de l’opposition centrafricaine.En Avril 2023, Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch indiquait que « les responsables du gouvernement harcèlent la société civile, les journalistes et les membres des partis d’opposition » soulignant « de graves préoccupations sur des risques en termes de violations des droits humains et de réduction de l’espace démocratique et de la liberté d’expression ». Human Rights Watch exhortait le Président centrafricain à « garantir l’indépendance de la justice pour s’assurer que les responsables qui attaquent les détracteurs du gouvernement soient amenés à rendre des comptes ».
Réélu en 2020 dans des conditions contestées par l’opposition, le Président Centrafricain Faustin-Archange Touadéra a fait modifier la Constitution en juillet 2023 par un référendum boycotté par l’opposition, pour s’autoriser à briguer un troisième mandat en 2025.