Le Kenya importe des pesticides interdits en Europe

Des pesticides posant des risques à la santé et l’environnement continueraient d’être vendus par des entreprises européennes au Kenya.
 
Un article de Mateo Gomez
 
Le rapport (https://routetofood.org/wp-content/uploads/2023/09/Data-and-Facts_Highly-Hazardous-Pesticides-in-Kenya.pdf), publié par l’initiative Kényenne Route To Food (RTFI), démontre qu’en 2020 des pesticides hautement nocifs constituaient plus de trois quarts des pesticides utilisés au Kenya, et la moité de ceux-ci sont interdits au sein de l’Union Européenne. Le RTFI ainsi que Human Rights Watch ont lancé un appel pour l’interdiciton de ces pesticides, en priorisant une liste de 40 ingrédients identifiés pour les risques environnementaux et sanitaires qu’ils posent ainsi que pour leur prévalance dans l’agriculture du pays.
 
« Les pesticides considérés comme trop dangereux pour les européens sont tout aussi dangereux pour les Kényans, cela va de soi », a déclaré Julia Bleckner, chercheuse en santé à Human Rights Watch. « La Commission de l’Union européenne devrait introduire de toute urgence la législation promise pour mettre fin à l’hopocrisie que consiste l’exportation des pesticides dangereux dont l’utilisation est déjà interdite dans l’UE. »
 
Les données obtenues par le RTFI indiquent que la société suisse Sygenta et l’allemand Bayer représentent ensemble 35% du marché des pesticides dans le pays. Parmi leurs produits vendus, 65% de ceux de Sygenta et 85% de ceux de Bayer sont classifiés comme « hautement nocifs » par le Réseau Action Pesticides.
 
Le danger des pesticides extrêmement nocifs est exacerbé au Kenya, où les stratégies et les ressources permettant de minimiser leurs effets sont limitées, voire impossibles. L’emplacement et la taille des exploitations agricoles signifient que les zones tampons ne sont pas pratiques pour limiter la dérive ou le ruissellement des pesticides vers les maisons, les écoles et les cours d’eau à proximité. Une étude de l’Agrochemicals Association of Kenya a révélé que seulement 15 pour cent des agriculteurs du Kenya portent un équipement de protection complet lorsqu’ils utilisent des pesticides pour des raisons telles que le coût, le manque de disponibilité ou le climat.