Les manifestations se succèdent à Luanda depuis plusieurs semaines. En cause la hausse du prix de l’essence, un taux de chômage chez les jeunes particulièrement élevé et qui ne baisse pas, les détournements de fond dans l’entourage du Président et la corruption généralisée.
Un des journalistes les plus connus du pays vient de porter plainte auprès de l’Attorney Général après la nomination à la cour suprême, par le Président de la République lui-même, d’un juge qui était poursuivi pour détournement de fonds publics. Les dernières élections avaient démontré la chute libre de la popularité du chef de l’Etat puisque l’opposition s’était imposée dans la capitale. Inédit dans un pays ou la règle a été pendant longtemps le parti unique et la dictature.
Le Président Lourenço dont l’élection a été contestée a repris les mêmes méthodes que son prédécesseur José Eduardo dos Santos : la répression brutale et à large échelle. s Selon des témoignages balles réelles et gaz lacrymogène ont été utilisé sans discernement aucun. Le bilan de ces violences policières est difficilement quantifiable même si les organisations internationales Human Right Watch et Amnesty International parlent de 15 morts documentés. On note par ailleurs que de très nombreux militants ont été arrêtés ainsi que des journalistes. Selon Human Right Watch, “la police angolaise s’en prend à ceux qui critiquent les politiques du gouvernement !”. Le gouvernement quant à lui accuse l’UNITA, leader d’une opposition tripartite d’être à la source de l’agitation qui ne cesse de s’aggraver depuis les élections. Plusieurs de ses militants ont été incarcérés. Mais la police s’en est prise également à des artistes, des intellectuels. Deux rappeurs ont été incarcérés plusieurs jours sans autre raison que leur popularité. Human Right Watch raconte comment 8 hommes jeunes –entre 23 et 32 ans- ont été arrêtés par la police avant que leurs proches les retrouvent tous à la morgue. Elle documente également la manifestation des chauffeurs de taxis contre la hausse des prix de l’essence : 5 personnes ont été délibérément abattues, 3 sont mortes sou les balles.
L’opposition, quant à elle, indique que le chiffre réel des victimes dues à la politique de Lourenço depuis son arrivée au pouvoir en 2017 serait de 130 morts.
L’opposition politique n’est pas la seule à être frappée, le mouvement social et les organisations de défense des droits de l’homme sont également victimes de cette répression particulièrement violente : “la répression policière brutale des manifestations et des activités politiques pacifiques prive tous les angolais de leur droit de participer au débat politique et à l’avenir de l’Angola”.
Des milliers de personnes se sont rassemblées il y a quelques jours à l’appel de l’opposition pour demander le départ du Président Lourenco. Demain l’UNITA va inciter l’Assemblée Nationale a faire de même. Cette démarche a fort peu de chance d’aboutir mais elle peut déboucher sur un renforcement de la répression.