Après avoir souffert pendant des mois à être bloqués en Europe, les Algériens rapatriés, soupçonnés de porter le virus anglais, ne sont pas vraiment bien accueillis.
Quand des Algériens bloqués en Europe ou en Turquie supplient de pouvoir rentrer chez eux, persone à Alger n’est pressé de les rapatrier. Le risque d’importer le variant anglais du Covid-19 exaspère les tensions.
Si officiellement les frontières sont fermées, des vols continuent à relier Alger et Oran avec Marseille et Paris. Alliant la science de la bureaucratie à l’art des improvisations de dernière minute, les consulats d’Algérie en France organisent des rapatriements de ressortissants algériens au compte-goutte.
Discours alarmistes
Aujourd’hui, ces « revenants » au pays sont plus que jamais maudits en Algérie. En cause, les discours alarmistes des médecins algériens. « S’il rentre en Algérie, ce variant britannique mettrait à genoux les capacités de l’Algérie (en matière sanitaire) en deux mois », met en garde le professeur Lounici dans un entretien accordé au site d’informations Tout Sur L’Algérie, TSA. « En ce qui concerne les mesures collectives, j’espère que les autorités anticipent parce que le variant est au Portugal, à Marseille, etc. Le trafic aérien doit continuer à être suspendu avec tous les pays où le variant est présent », plaide-t-il.
Fustigeant les autorités qui n’ont pas arrêté les vols de rapatriement, le quotidien El-Watan s’interroge: « Ces voyageurs sont-ils contrôlés rigoureusement pour détecter les porteurs, qu’ils soient symptomatiques ou asymptomatiques ? »
A défaut d’une parole gouvernementale crédible, les professeurs de médecine sont très écoutés en Algérie. Alors que le gouvernement ne cesse de promettre des vaccins qui n’arrivent pas, le corps médical tire la sonnette d’alarme.
Des moyens insuffisants
Si la peur du variant anglais s’est propagée en Algérie, c’est en raison d’une fracassante déclaration d’un professeur de médecine, le professeur Kamel Bouzid, qui a la réputation de ne pas avoir sa langue dans sa poche . Cet éminent spécialiste a révélé aux Algériens que leur pays n’a même pas les moyens d’un repérage, baptisé « séquençage », du nouveau virus. Le chef de service oncologie du Centre Pierre et Marie Curie d’Alger, très old school, a révélé qu’ « en Algérie, il y a des tas de séquenceurs mais personne ne sait les faire marcher. Ou alors ceux qui savent les faire marcher n’ont pas les réactifs. On est dans la problématique qu’il manque toujours dix-huit sous pour faire un franc ».
Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (L’OMS), une meilleure capacité de séquençage est une priorité. Maria Van Kerkhove, la responsable Covid-19 de l’organisation mondiale, a qualifié d’«incroyable» le nombre de séquences partagées jusqu’à présent, mais a déploré qu’elles ne proviennent que d’une poignée de pays. « Améliorer la couverture géographique du séquençage est essentiel pour que le monde ait des yeux et des oreilles (braqués) sur les changements du virus», a-t-elle déclaré sur un forum en ligne.
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