Alors que l’Algérie a plus besoin que jamais de devises, le pays ne parvient même pas à produire le montant du quota qui lui est alloué par l’OPEP, faute d’avoir modernisé sa production gazière et pétrolière.
Voici la conclusion d’un très bon article de Jean Pierre Serini, un des meilleurs experts du dossier algérien, sur le site Orient XXI
Abdelmajid Attar, 74 ans, ancien PDG de la compagnie nationale Sonatrach dans les années 1990, ministre de l’hydraulique dans les années 2000, consultant reconnu, nommé ministre de l’énergie en juin 2020 et remercié brutalement en février 2021, avait donné le 25 janvier à la radio nationale un aperçu franchement négatif de son secteur : un manque à gagner de 10 milliards de dollars (8 milliards d’euros) l’an dernier, une nouvelle baisse de la production, des exportations, des investissements et en conséquence des résultats financiers désastreux.
L’agence de presse américaine Bloomberg, qui fait autorité outre-Atlantique — notamment à Wall Street — s’interroge début février 2021 : « L’Algérie est-elle encore un pays pétrolier ? »1 Ses exportations de brut ne représenteraient que moins de 1 % des exportations de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Bien sûr, l’épidémie du coronavirus ne l’épargne pas, le pays s’est fait par ailleurs un point d’honneur à respecter les consignes de l’OPEP de réduire la production. Le virus et ses conséquences expliquent en partie les déconvenues de l’année. Mais en partie seulement.
La modernisation en panne
« Autant que de capitaux, les hydrocarbures algériens ont besoin de nouvelles technologies. La façon d’exploiter les gisements, le volume du gaz réinjecté pour maintenir la pression sur les champs et surtout le taux de récupération des réserves existantes ont un urgent besoin d’innovation et de modernisation. Entre Berkine exploité par une société américaine et Hassi Messaoud aux mains de la Sonatrach depuis les nationalisations de 1971, l’écart est de 15 à 20% quant à la quantité de brut retiré du sous-sol. «Le prix du baril n’est pas le seul paramètre dont dépendent nos ressources financières», expliquait déjà en décembre 2014 Sid Ahmed Ghozali, l’un des fondateurs de la compagnie nationale.
De fait, l’Algérie est le seul membre de l’OPEP à ne pas remplir son quota et à exporter moins de brut qu’il n’est autorisé à le faire par les accords de décembre 2020. Les compagnies étrangères ont donc des raisons d’hésiter.
Huit mois d’importations en devises
En janvier 2021, le pays n’est pas en mesure de profiter de l’embellie des prix du baril qui, pour la première fois depuis un an, dépasse les 60 dollars (50 euros). Alger a pourtant plus que jamais besoin d’argent. La Compagnie française d’assurance-crédit (Coface) qui garantit les exportations tricolores évalue à huit mois d’importations les réserves de devises de la Banque d’Algérie. Cela représente 23 milliards de dollars (19 milliards d’euros) en décembre 2020. À peine de quoi financer le déficit courant annuel de la balance des paiements. Que se passera-t-il ensuite?
L’Algérie n’a jamais été au premier plan dans l’exportation pétrolière … Cependant, son pétrole léger, peu sulfureux et produisant plus de Kéro et d’essence que de fractions lourdes le rendent plus attractif sur le marché mondial. L’Algérie est plus un pays exportateur de GN et de GNL que la Russie et le Qatar viennent semer le yoyo dans la fluctuation des prix.