Le camp de Minaweo, situé dans l’extrême-nord du Cameroun, ploie sous le recul des financements internationaux et l’afflux de réfugiés venus du Nigéria voisin, qui fuient les exactions de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest.
Ouvert en 2013, le camp, situé dans le département de Mayo-Tsanaga (arrondissement de Mokolo), vit dans des conditions de promiscuité extrêmes avec à ce jour 177 000 réfugiés sur un espace d’environ 665 hectares, rapporte l’Alliance Panafricaine pour la Citoyenneté, une ong citoyenne.
Citant Jean Metsena, chercheur indépendant camerounais sur place, l’association affirme que la situation s’est dégradée ces deux dernières années « avec la diminution des financements des organisations internationales, comme le Programme Alimentaire Mondial ». La raréfaction de la nourriture a tendu les relations entre les réfugiés et les habitants de l’un des départements les plus pauvres du Cameroun, qui évolue dans un contexte de criminalité ancienne et de tensions communautaires provoquées par le manque de terres utiles.
« Les rapports des réfugiés nigérians avec la population locale camerounaise étaient au départ cordiaux, notamment autour du marché du jeudi, avec la vente d’objets, mais ils se détériorent. En effet, en raison de la réduction des vivres et par manque d’espace cultivable au sein du camp, les réfugiés partent dans les champs alentour détruire les cultures, arracher des arbres pour leur subsistance, ce qui crée des conflits avec les locaux », explique l’Alliance panafricaine pour la Citoyenneté.
L’afflux de réfugiés nigérians fait suite à des attaques sporadiques de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest, communément appelé Boko Haram, près de la frontière. Malgré la situation, le Cameroun ne se considère pas en phase d’urgence, mais de consolidation.