Niger, la junte s’en prend à « l’insolvabilité » des anciens dignitaires

Dans un communiqué conjoint publié mercredi, les ministres nigériens de l’Intérieur et de la Justice mettent en garde les professionnels du droit qui seraient en train de délivrer de fausses pièces à leurs clients pour leur permettre de dissimuler leur patrimoine dans le contexte des enquêtes de corruption en cours.  

Les  enquêtes sur la mauvaise gouvernance du régime socialiste renversé le 26 juillet dernier viennent de commencer au sein d’une commission de justice administrative créée par la transition et composée de juristes, de fonctionnaires spécialisés et d’activistes de la société civile. La Commission de lutte contre la délinquance financière, économique et fiscale (COLDEF), créée le 21 septembre, a pour mission de recouvrer les biens publics illégalement acquis. La COLDEF vient d’ailleurs d’être renforcée par sept jeunes commissaires de police judiciaire pour accélérer les enquêtes.

Selon le communiqué, des anciens dignitaires suspectés de « corruption, d’enrichissement illicite, de concussion, de gabegie et de passe-droit s’activent à organiser leur insolvabilité à travers des manoeuvres dolosives et de dissimulation de leurs biens le plus souvent mal acquis. Ces manoeuvres se font par le truchement de ventes et de simulation de ventes, de prêts, dons et autres actes de donation réels ou supposés.»

Les deux ministres rappellent que ces pratiques constituent des infractions à la loi pénale. Pour répondre à l’inquiétude d’une partie de l’opinion publique concernant une éventuelle protection dont jouiraient l’ancien Président Mahamadou Issoufou et ses proches milliardaires, ils affirment «qu’aucune discrimination à l’égard des contrevenants ne sera tolérée dans la protection et la défense des intérêts du peuple nigérien longtemps spolié.»

Se faisant plus menaçants, ils alertent sur «leurs responsabilités professionnelles, personnelles et pénales tous les opérateurs libéraux intervenant dans le domaine des transactions immobilières dont certains sont astreints au serment : intermédiaires, agents d’affaires et notaires.»  

Le régime d’Issoufoua enrichi des ministres, députés, opérateurs économiques et familles proches du pouvoir à un niveau jamais vu auparavant au Niger. La ville de Niamey s’est hérissée ces douze dernières années d’immeubles à étages, de palais privés et d’hôtels de luxe qui appartiennent, de notoriété publique, aux responsables du parti rose. Plusieurs scandales ont émaillé la gouvernance du Président Mahamadou Issoufou et de son successeur dans le domaine des achats d’armement, du blanchiment d’argent et de détournements de fonds publics dans tous les domaines. Un certain nombre de dossiers sont déjà pendants devant la justice et dans les bureaux de la Haute Autorité de lutte contre la Corruption et les infractions assimilées.

 

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