En 2050, jusqu’à 86 millions d’africains vont émigrer tout en restant en Afrique. Mais les personnes qui traversent les frontières à cause du climat ne comptent pas comme réfugiés dans les lois et conventions clé, selon une étude de l’Université de Johannesburg.
Mateo Gomez
Ces déplacements de population peuvent être dus à des catastrophes naturelles soudaines exacerbées par le réchauffement climatique, tels les éruptions volcaniques ou les inondations, ou alors à des développements plus lents, tels la désertification ou la montée du niveau de la mer. C’est des phénomènes qui affectent déjà des milliers de personnes par an, même si les chiffres exacts sont difficiles à calculer. Rien qu’en 2022, la sécheresse a forcé 180 000 somaliens et sud-soudanais à quitter leurs terres pour rejoindre l’Ethiopie et le Kenya.
Des conventions juridiques dépassées
Or, sans statut de réfugiés, les déplacés pourraient se retrouver privés d’aide essentielle. Une variété de lois assure les droits basiques des réfugiés. C’est la Convention de Genève de 1951 qui représente le cœur du droit des réfugiés, ainsi que le protocole de New York de 1967. En Afrique, ceux-ci sont protégés par la Convention de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) de 1969. Le problème avec ces droits c’est qu’ils excluent les victimes de famines ou de catastrophes naturelles si celles-ci n’ont pas “une peur bien-fondée de persécutions”. Et l’UNHCR, l’agence onusienne pour les réfugiés, suit la définition de la Convention des Réfugiés. Ainsi donc, les réfugiés climatiques n’ont pas droit au statut de réfugiés, les privant de protections.
Les avancées juridiques sont lentes. En Afrique, les débats autour de la Convention de l’OUA font rage. L’UNHCR reconnaît ces déplacés comme une catégorie vulnérable à protéger et s’efforce de boucher les failles existantes dans la loi internationale. Mais il reste beaucoup à faire.
Source: https://www.academia.edu/79451051/Climate_induced_displacement_in_the_Sahel_A_question_of_classification