Après avoir échappé à l’enfer de l’emprisonnement parce qu’ils trouvaient en missions officielles ou en voyages privés hors du Niger, de nombreux dignitaires du régime du président Mohamed Bazoum découvrent brutalement le poids de l’exil.
Le plus illustre d’entre eux, Ouhoumoudou Mahamadou, le Premier ministre, se trouvait à Rome, en Italie, à une conférence internationale sur la sécurité alimentaire au moment du coup d’Etat. De retour à Paris, en transit pour Niamey où les frontières ont été fermées, l’ex-PM a gardé les privilèges dus à sa fonction, la France ayant décidé de reconnaître son régime comme seul représentant légitime du Niger. Malgré le coup d’Etat Ouhoumoudou Mahamadou avait même été reçu ès qualité au Quai d’Orsay par Catherine Colonna.
Les militaires au pouvoir à Niamey ont fini par lui couper les vivres, retirer le personnel affecté à son service (protocole, sécurité, etc.) et le priver de l’assistance de l’ambassade du Niger à Paris qui a basculé dans leur camp. L’ex-PM s’est alors résolu de prendre le chemin d’Abuja, au Nigéria, sans doute plus gérable pour un exil non préparé que Paris.
Éxil doré
Dans la capitale fédérale du Nigeria, M. Mahamadou est presque chez lui : il connaît bien le terrain pour avoir travaillé pendant de nombreuses années à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En plus, des proches et des parents peuvent venir régulièrement du Niger, voisin pour lui rendre visite. Plusieurs autres dignitaires du pouvoir renversé ont choisi Abuja comme point de chute, faute de pouvoir rentré au Niger où les ministres les ont déclarés « en fuite » et passibles d’arrestations sitôt qu’ils auront posé pied dans le pays.
Outre les anciens ministres des Affaires étrangères Hassoumi Massaoudou, du Commerce Alkache Allada, de la Formation professionnelle Kassoum Moctar, de l’Energie et des Energies renouvelables Ibrahim Yacouba, Abuja sert de terre d’exil au général Abou Tarka ex-patron de la Haute autorité à la consolidation de la paix (HACP) ainsi qu’à Daouda Takoubakoye, directeur de cabinet adjoint du président Bazoum jusqu’au coup d’Etat.